"La vie des personnes trans n'est pas un divertissement !". Cela, c'est ce qu'affirme Fransgenre, association nationale d'entraide et d'info pour les personnes transgenres, en réaction à un programme de M6 qui fait beaucoup réagir avant même sa diffusion ce 6 octobre à 21h10 : Trans, uniques en leur genre, un documentaire signé Karine Le Marchand et dédié à la transidentité.
Un documentaire suivi d'un débat, dirigé par Karine Le Marchand et intitulé "Enfants trans : Que faire ?". Tout un programme que les associations LGBTQ fustigent déjà sur les réseaux sociaux. Ainsi l'Association des journalistes lesbiennes, gays, bi·e·s, trans et intersexes (AJL) dit "s'inquiéter" de cette soirée thématique.
La raison ? L'association craint que le documentaire en question fasse la part belle "au sensationnalisme, aux images choc et aux seuls témoignages dépolitisés". Et ce, à propos d'un sujet pourtant très important.
Une appréhension largement partagée sur Twitter, notamment exprimée par l'association Fransgenre, qui a pu visionner l'émission. "Le constat est affligeant : la désinformation s'accompagne d'une focalisation sur la 'souffrance' des parents, de misérabilisme, voyeurisme, mégenrage quasi-constant", cingle l'association sur Twitter, dénonçant "des méthodes scandaleuses".
Plus encore que l'émission, bien des voix s'inquiètent du débat qui lui succède en seconde partie de soirée. On y retrouvera Zach, l'un des témoins du documentaire, le psychiatre Serge Hefez, Solange, une "maman d'une fille transgenre et refuse d'accompagner son enfant avant qu'il n'entame une analyse psy de plusieurs années", comme l'explique le communiqué de presse ou encore et Blandine, une féministe "opposée à la notion même du choix du genre".
"Son titre, 'Enfants trans : que faire ? ', est insupportable et laisse entendre que les personnes trans sont des problèmes pour la société. Il est, également, la promesse d'une nouvelle agitation de la panique morale entourant les enfants trans", déplore ainsi l'AJL l'espace d'un thread.
En outre, ACCEPTESS-T, association de santé communautaire Trans et Féministe, qui a participé à l'émission produite par Karine Le Marchand, regrette le choix du plateau "débat" après le documentaire : "Nos droits sont mis au débat car la parole est donnée à des groupes faisant la promotion des thérapies de conversion. La vie des personnes trans est de nouveau abandonnée pour l'audimat", s'inquiète l'association sur Twitter.
Dans une interview donnée à nos confrères de Puremedias, Karine Le Marchand se défend de ces accusations : "il s'agit de donner des clefs aux parents confrontés à la transidentité d'un enfant, de les aider à l'accompagner. Ce débat vise aussi à se demander jusqu'où faut-il aller dans l'encouragement des enfants".
Elle ajoute : "Comme je ne savais rien sur le sujet, les associations m'ont tout appris. J'ai compris aussi qu'il y avait une vraie susceptibilité des personnes concernées vis-à-vis des cis (type d'identité de genre où le genre ressenti d'une personne correspond au genre assigné à sa naissance, ndlr) et que leur sentiment d'être exclues et montrées du doigt radicalisait un peu le rapport à l'autre. L'important était donc de ne pas les blesser mais de parler au plus grand nombre parce que le but est de faire évoluer les gens qui ne sont pas concernés. Nous ne sommes pas là pour convaincre les convaincus".
Et face aux critiques, l'animatrice réplique : "Je suis tout le temps attaquée. J'ai l'habitude. En traitant de la transidentité, je ne cherche pas l'apaisement et je ne cherche pas la paix. Je ne fais pas des soirées en prime time sur le toilettage des chats, c'est sûr..."
L'animatrice avait déjà créé la polémique lors de la diffusion de l'émission Opération renaissance sur M6, accusée de grossophobie.
Comment réagiront les personnes concernées qui n'ont pas encore pu visionner l'émission Trans, uniques en leur genre ?