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« Le bizutage est contraire aux Droits de l'Homme »
Publié le 14 septembre 2011 à 17:26
Par Marie-Laure Makouke
Selon une enquête du Comité national contre le bizutage, 92,5 % des Français estiment qu’un élève bizuté risque de souffrir de traumatismes psychologiques graves. Pourtant, cette année encore, nombreux seront les étudiants forcés de se soumettre à ces jeux humiliants censés faciliter leur intégration dans leur nouvel établissement. Marie-France Henry, présidente du CNCB dénonce cette pratique.
« Le bizutage est contraire aux Droits de l'Homme » « Le bizutage est contraire aux Droits de l'Homme »© AFP
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Terrafemina : Comment expliquez-vous que le bizutage soit encore si présent, 13 ans après son interdiction ?

Marie-France Henry : Lors de la création du comité en 1997, nous pensions que la lutte contre le bizutage serait facile. Mais la tâche s’est vite révélée plus ardue que prévu. Nos actions étaient très critiquées, nous nous faisions voler dans les plumes. Le bizutage était alors un véritable phénomène de société intouchable, qui plus est. Personne n’en voyait les dangers, beaucoup y trouvaient même des vertus.
Au fil du temps, heureusement, le discours a évolué. Aujourd’hui, la majorité de la population est hostile à cette pratique, qu’on la nomme bizutage ou week-end d’intégration. L’opinion est consciente qu’elle est dangereuse et contraire aux Droits de l’Homme. D’ailleurs, l’enquête que nous venons de dévoiler le prouve. En effet, à la question « savez-vous qu’un jeune qui est bizuté encourt les risques suivants », 92,5 % des personnes interrogées répondent oui pour des « traumatismes psychologiques graves ».
Cependant, le bizutage est encore protégé par une certaine loi du silence. Par peur des représailles ou d’une mise à l’écart, les victimes et leur famille n’osent pas témoigner. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui préfèrent quitter l’établissement qu’ils ont parfois eu beaucoup de mal à intégrer, renonçant ainsi à leurs études.

TF. : Selon vous, quelles sont les mesures qui devraient être mises en place pour éviter ces pratiques ?

M-F. H. : Il n’y a pas de secret, seule une réelle volonté politique pourra faire avancer les choses. Elle nous a longtemps fait défaut mais elle est désormais bien présente. Preuve de cette volonté commune d’aboutir, notre plaquette « En finir avec le bizutage » comporte désormais le logo du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Par ailleurs, le rapport Daoust, remis en février dernier à Valérie Pécresse, alors ministre de l’Enseignement supérieur, a abouti à un projet de loi qui devrait être débattu d’ici fin 2011. Il prévoit notamment que les week-ends et soirées d’intégration soient préalablement déclarés en préfecture par les organisateurs. Les chefs d’établissements ayant été pointés du doigt dans le rapport, ils seront mis face à leurs responsabilités. Une charte de bonne conduite sera également proposée, engageant aussi bien les équipes pédagogiques que les élèves.
Toutes ces mesures ont pour seul but de montrer que le bizutage n’est ni de l’accueil ni indispensable, bien au contraire.

TF. : Comment sensibiliser les plus jeunes aux dangers du bizutage ?

M-F. H. : La sensibilisation doit se faire très tôt. Bien avant les Grandes Ecoles, la faculté ou le lycée. Et pour cause, avant le bizutage, il y a la violence scolaire et après, il y a le harcèlement en entreprise. Le danger de ces pratiques est une notion élémentaire qui doit être inculquée dès le plus jeune âge. Si les parents doivent être informés, les enseignants doivent, quant à eux, être attentifs à ce qu’il se passe dans leur classe. D’ailleurs, le ministre de l’Education national, Luc Chatel, a bien pris conscience du problème. Les nouvelles mesures visant à lutter contre le harcèlement scolaire en sont la preuve.



Marie-France Henry

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