De 1976 à 1983, plus de 30 000 argentins ont été tués, victimes d’un coup d’Etat qui « fut le départ d’une vague de violence systématique et inédite, d’un plan d’extermination… appelé Processus de réorganisation nationale. » Parmi ces milliers de personnes, figuraient Maria Hilda Pérez dite Corita et José Maria Donda surnommé Cabo, un couple qui s’opposait activement à la dictature.
Jusqu’à l’âge de 27 ans, Victoria ignorait qui étaient ces personnes. C’est grâce à une plainte anonyme que les Grands-mères de la Plaza de Mayo – une association fondée en 1977 qui tente de retrouver les petits-enfants et leurs parents disparus pendant les années noires – ont pu lui révéler la vérité.
« On ne peut pas aimer, rêver, espérer, construire ou progresser dans le mensonge. En revanche, même douloureuse, la vérité est la condition essentielle pour être quelqu’un. La vérité affirme l’existence. Elle est la première condition pour devenir soi-même. »
Victoria n’est pas la fille de Graciela et de Raùl, elle n’est pas née le 17 septembre 1979 dans la banlieue Sud de Buenos Aires, comme elle le croyait. Victoria a vu le jour entre août et septembre 1977, à l’Ecole Supérieure de mécanique de la marine (ESMA) que l’on avait transformé en un centre de tortures, à Buenos Aires.
La mère de Victoria, Maria Hilda Pérez était enceinte de 5 mois lorsqu’elle a été arrêtée par les militaires. Elle a ensuite été transportée à l’ESMA, a mis son enfant au monde et a été tuée 15 jours plus tard. C’était le même rituel pour chaque prisonnier, homme ou femme : on leur administrait une injection de Pentothal, un puissant anesthésique, avant de les jeter vivants à la mer depuis des avions militaires. José Maria Donda subira le même sort.
Victoria découvre que c’est son oncle – le propre frère de José Maria Donda, tortionnaire et officier gradé dans le plus important centre de détention clandestin de Buenos Aires – qui a participé à l’arrestation et à l’assassinat de ses parents, puis a fait placer Victoria dans une famille de militaires, chez Graciela et Raùl.
Ce livre ne raconte pas seulement le drame de Victoria, mais bien celui de tout un peuple meurtri à jamais par une dictature sanglante. Grâce à une force de caractère exceptionnelle, Victoria se réapproprie son identité, son histoire, son destin. Son héritage familial ? Son engagement politique. Aujourd’hui, Victoria Donda est la plus jeune députée argentine après avoir travaillé aux côtés d’Alicia Kirchner au ministère du Développement social, et après avoir participé au programme Claudia Falcone pour la défense des droits de l’homme.
« Moi, Victoria, enfant volée de la dictature argentine »
de Victoria Donda
Aux éditions Robert Laffont / Janvier 2010
267 pages
20 euros
Stéphanie Marin
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