Au Portugal, insulter une femme dans la rue ou lui mettre une main aux fesses est désormais passible d'une peine allant jusqu'à 3 ans de prison ferme. Le 27 décembre 2015, les parlementaires ont adopté une loi condamnant tout "comportement non désiré à connotation sexuelle, sous forme verbale, non verbale ou physique, avec pour but ou pour effet de violer la dignité d'une personne, en particulier lorsqu'il crée un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant."
Portée par le Parti Social Démocrate (PSD), la loi modifie l'article 170 du Code Pénal : désormais, le harcèlement de rue est passible de 1 à 3 ans de prison ferme. Une mesure nécessaire, selon Carla Rodrigues, membre du PSD à l'Assemblée de la République. "Un homme qui se permet d'embêter une jeune fille de 15 ans, de l'effrayer, ne commettait aucun crime", affirme-t-elle dans les colonnes du journal Diario de Notícias.
Saluée par une partie de la classe politique et par les associations féministes, la loi sur le harcèlement sexuel fait pourtant débat dans le pays où le piropo (propos machiste sur le physique d'une femme, ndlr) est un comportement répandu. Depuis le mois d'août, moment où elle est entrée en discussion au parlement, la loi a été qualifiée d'atteinte au droit de draguer, voire à la liberté d'expression. Pour la journaliste au Jornal de Notícias Inês Cardoso, le débat entourant la loi sur le harcèlement de rue n'a été qu'une "succession d'ambiguïtés et de simplifications". Si elle considère qu'il faut que "les choses changent, c'est indéniable", la journaliste émet aussi des réserves quant à l'efficacité d'une telle loi, notamment pour protéger les mineures. "On a dit que la préoccupation relative au piropo visait surtout à protéger les mineures, particulièrement vulnérables, obligées de supporter des commentaires pénibles et offensants. Mais comment imaginer qu'une adolescente qui marche seule dans la rue et qui entend une phrase sexiste et violente puisse s'arrêter pour confronter l'agresseur, appeler la police et l'identifier formellement pour les besoins de l'enquête ? J'ai de sérieux doutes là-dessus."
Un point de vue que ne partage pas Paula Cosme Pinto. Le 29 décembre dernier, la journaliste signait dans Expresso une tribune où elle salue le vote de la loi contre le harcèlement de rue . "Chaque jour, trop souvent et notamment à l'âge où la femme n'est pas encore tout à fait une femme mais où la petite fille est déjà trop mûre pour ne pas comprendre ce qui lui est dit. Entendre, si jeune, des phrases de ce type compromet, à long terme, son épanouissement et sa participation dans l'espace public. Elle menace notre liberté individuelle, compromet notre capacité à être sûres de nous-mêmes et change définitivement notre comportement avec les hommes."
En France aussi, harceler une femme (ou un homme) dans la rue ou les transports est puni par la loi. Proférer des injures et des menaces peut leur valoir 6 mois de prison et 22 500 euros d'amende. Les mains aux fesses, les baisers forcés ou les frottements dans une rame bondée sont eux passibles d'une peine de 5 ans de prison et de 75 000 euros d'amende.
Après avoir lancé en novembre dans les transports parisiens la campagne #HarcèlementRéagissons, la secrétaire d'État aux droits des femmes Pascale Boistard a dévoilé ce mercredi 19 janvier de nouvelles affiches qui seront exposées dans toute la France.
Deux numéros d'alerte, l'un pour la SNCF (31-17) et l'autre pour la RATP (32-46), sont aussi à disposition des victimes de violences pour dénoncer leur harceleurs et éventuellement à faire intervenir les forces de sécurité. Depuis le 7 décembre, ces deux numéros sont aussi accessibles par SMS afin de signaler plus discrètement les situations d'urgence.