Lundi 30 décembre, le Pakistan a nommé sa première femme au poste de juge à un tribunal fédéral islamique. Après avoir prêté serment, Ashraf Jehan, 56 ans, est officiellement devenue juge à la Haute cour de la province méridionale du Sind. Sa mission désormais ? S'assurer que la loi appliquée au sein de la cour fédérale soit conforme à la charia, c'est-à-dire la loi islamique telle qu'elle est édictée dans le Coran. Lorsqu'ils considèrent qu'une loi contrevient à l'esprit de l'islam, les juges demandent aux autorités d'amender la législation. La cour n'a en revanche pas le pouvoir de modifier elle-même les lois.
Pour le Pakistan, deuxième pays musulman le plus peuplé après l'Indonésie, la promotion d'Ashraf Jehan au poste de juge à la cour islamique est porteur d'un message destiné à « dissiper de fausses idées » sur le Pakistan. « Ce fut une prestation de serment historique aujourd'hui, car une juge a rejoint les rangs de la cour islamique, a déclaré Agha Rafiq Ahmed, le juge en chef des tribunaux islamiques fédéraux du pays à l'AFP. Rien dans la Constitution n'interdit à une femme d'être juge à un tribunal islamique », a-t-il poursuivi, avant d'affirmer qu'il n'existait « aucune discrimination entre les hommes et les femmes ». « J'ai pris cette initiative en me disant que cela allait envoyer au reste du monde le message que nous sommes des gens éclairés et aussi pour dissiper de fausses idées ».
Pourtant, rappelle l'AFP, le tribunal fédéral islamique est aujourd'hui vivement critiqué au Pakistan. Créée dans les années 1980 par le général Zia ul-Haq pour islamiser les institutions, la cour de justice constitue, pour de nombreux Pakistanais, un vestige du régime répressif et dictatorial de Zia.