David Autissier : En tous cas dans les faits, ils ne le sont pas ! Malgré certaines acceptions qui laissent penser que le rire ce n’est pas sérieux au contraire du travail, l’humour crée un dialogue privilégié et de bonnes relations sous-jacentes à la production. Mais, si la plupart des personnes déclarent espérer plus de rire dans leur job, elles sont les premières à reconnaître qu’elles ne le font pas par peur d’être mal perçues.
D. A. : D’une part, il faut que la hiérarchie ait la capacité de créer ce type de dialogue. D’autre part, pour l’utiliser, encore faut-il savoir le manier avec précaution ! Les Anglais sont très bons pour ça. Je prends souvent l’exemple de ce professeur qui arrive en classe et dit : « Je suis enseignant parce que je n’ai pas su faire autre chose. » C’est presque une culture, un apprentissage du décalage.
D. A. : Il y a effectivement des risques, mais ce n’est pas le « bide » qui est grave. Ce qui peut être dangereux, c’est l’humour noir, cassant, qui peut faire des dégâts en étant perçu comme une forme d’agressivité. Les jeux de mots sont souvent les plus appréciés, plus que les blagues même. Ils détendent l’atmosphère et développent l’empathie.
D. A. : On ne peut pas rire de tout et avec tout Le monde. D’abord, il faut contextualiser son humour en fonction du pays, de l’entreprise et de la personne que l’on a en face de soi. En Italie par exemple, on ne rit pas de la religion. De même, on peut être plus direct avec un proche collègue qu’avec un collaborateur que l’on connaît moins. Ensuite, il faut tenter d’apprécier son propre humour, se demander si l’on sait l’utiliser à bon escient. Enfin, il faut rester ouvert aux autres formes de plaisanterie, être curieux, apprendre à décaler certaines situations pour faire sourire.
D. A. : Pour le bien-être au bureau d’abord. On sait à travers différentes recherches que le rire fait travailler les muscles du visage, permet une meilleure oxygénation… Bref, il est bon pour la santé ! Ensuite, il crée des relations de confiance entre les personnes. Et enfin, il améliore la productivité. Plusieurs études ont montré, par exemple, que dans les hôpitaux, les équipes qui développaient l’humour guérissaient plus de personnes. Et au-delà de cet exemple, on peut dire de manière générale que l’humour crée de la cohésion et donc de l’efficacité.
D. A. : C’est même un style de management ! Faire preuve d’humour, c’est créer des espaces de respiration surtout dans des périodes difficiles. C’est permettre de nouer des relations de complicité avec ses collaborateurs en dehors des autres registres d’échange. Mais encore une fois, c’est à manier avec précaution. Non, seulement l’humour ne doit pas être agressif, mais pour un manager, il doit être une ponctuation et non l’ensemble d’une phrase. C’est un condiment à utiliser avec parcimonie, pour que le tout ne soit pas fade…
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