Claire Lesage l'avoue : elle se considère plutôt comme une littéraire, bien éloignée par ses études et ses premiers jobs de l'univers de la start-up. Et pourtant, quand son ami Julien Poszywala revient de Californie avec l'idée de monter une boîte, elle bondit sur l'occasion. « Je suis du genre "cap ou pas cap". Alors j'ai foncé », sourit-elle. C'est ainsi que démarre Libertrip, nouveau réseau social du voyage, qui permet de planifier en ligne son itinéraire tout en récoltant les conseils et avis des autres internautes. « Julien s'est chargé de toute la partie technique, aidé par notre équipe de développeurs. De mon côté, je me suis concentrée sur la partie éditoriale et l'aspect marketing », explique Claire. Au final, le site, dont la version bêta a été lancée fin novembre, compte déjà 4000 utilisateurs et dans les coulisses s'affaire une équipe de sept personnes, « dont trois filles, fait assez rare dans une start-up pour le souligner », plaisante la co-fondatrice. Car elle le confirme, le numérique reste pour l'instant un milieu d'hommes. « Il y a encore un certain tabou social autour des femmes qui veulent créer leur entreprise, ça n'est pas forcément dans la logique des choses ». Mais les stéréotypes, très peu pour Claire. Elle qui ne pensait pas un jour monter sa boîte ne s'imagine plus aujourd'hui dans un autre job. « C'est un virus que l'on attrape », assure-t-elle. On veut bien la croire.
Il semblerait en effet que les femmes du Web soient des serial entrepreneuses. À à peine 23 ans, Pénélope Liot a ainsi déjà un CV bien rempli. Cette étudiante à HEC et Sciences Po vient de remporter le second prix d'une compétition de start-ups avec son application « Feel » et est d'ores et déjà attelée au développement de la société de conseil Go digital. Etre une femme dans le Web ? « Un atout ! »,assure-t-elle. Avant d'analyser : « Nous sommes moins nombreuses pour le moment, donc plus visibles, ce qui facilite les prises de contact, que ce soit auprès des investisseurs, des partenaires ou des médias ». Et cet avantage, elle compte bien en profiter : elle arpente les allées du Web, à la recherche de mentors qui pourront la conseiller par la suite et lui apporter de « précieux feedbacks » sur l'application qu'elle a développée avec son associé. « Je suis venue avec lui pour le networking : ici, on peut parler à tout le monde, il n'y a pas de barrières, c'est à faire au moins une fois dans sa vie de jeune entrepreneur », commente-t-elle. Et pour l'heure, les retours sont positifs sur son application Feel qui propose de partager ses émotions et de visualiser celles ressenties par les autres utilisateurs autour de soi. « Il me suffit de renseigner mon humeur du moment, "joie", "tension", "inspiration"... au fil des rues que je parcours », explique Pénélope. Ce qui crée au final un beau journal intime des lieux visités ou tout simplement une carte publique des émotions des internautes.
Margaux Pelen, 25 ans, est une habituée du Web, auquel elle participe pour la troisième fois. Elle a d’ailleurs croisé Pénélope Liot qu’elle voit régulièrement dans le petit monde du numérique français. À peine diplômée, Margaux a en effet créé son site en 2011 avec ses deux associés. Home'n'go propose de simplifier la recherche de logements en ligne, en regroupant sur un seul et même site toutes les annonces immobilières et en permettant aux internautes de partager leurs trouvailles avec leurs proches. « L'idée nous est venue alors que nous étions encore étudiants, se souvient Margaux. La date du diplôme était cruciale : c'était le moment de se jeter à l'eau et de créer enfin notre société. » Pari tenu, le site comptait déjà 70 000 visiteurs en novembre et entend bien passer la barre des 100 000 utilisateurs en décembre. Le déclic pour se lancer dans l'aventure ? Certainement les nombreux entrepreneurs qu'elle a rencontrés durant son année de Master à Paris Tech. Et si certaines jeunes femmes de son âge peuvent être effrayées par la création d'entreprise, d'autant plus dans le secteur du Web, elle l'affirme, elle n'a « jamais eu peur » et considère, comme Pénélope, que le fait d'être une femme est un « avantage ». « Je fais partie d'une nouvelle génération qui arrive sur le marché, qui s'est vite intéressée aux services liés au Web et qui en parallèle a dû rapidement intégrer la technique », analyse-t-elle. Ce qui se vérifie en effet en observant les speakers invités à animer les tables rondes du Web, où les figures féminines se multiplient. « J'ai été agréablement surprise du nombre de femmes que l'on croise au fil des rencontres ici », confie Margaux. Elle qui est venue pour rencontrer des prospects, des investisseurs, mais aussi des étudiants pour l'organisation d'une prochaine édition de « start-up week-end » (une compétition de création de start-ups) en sort ravie : « L'ambiance ici est très positive, bien loin de la sinistrose ambiante autour de la crise et du chômage. » Et elle y croit dur comme fer : « L'économie numérique est la clef du renouveau économique, il faut croire en cette nouvelle génération ».
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