Mario Monti vient de lancer un vibrant appel à l’intention de son homologue espagnol, Mariano Rajoy en déclarant que l’Espagne transmet en ce moment des signaux de préoccupation majeure à la zone euro en raison de l’augmentation effrénée de ses taux d’intérêt et en rajoutant qu’il n’en faut pas plus pour recréer des phénomènes qui pourraient se propager au reste du continent.
Il y a juste un mois, le chef du gouvernement espagnol était reçu à Rome par Mario Monti, qui n’avait pas manqué de faire l’éloge de sa politique économique. Aujourd’hui, son langage est bien différent. « Ce serait désagréable que l’Espagne nous tourne le dos. Une nouvelle crise dans la zone euro nous fera perdre des mois… », souligne-t-il.
Le chef du gouvernement italien a profité d’un forum organisé à Cernobbio, dans le nord d’Italie, par la Confédération Générale de l’Entreprise pour, une fois, laisser de côté la diplomatie et lancer une correction à son homologue espagnol : « Nous sommes très attentifs quant à la situation économique de certains pays qui n’ont pas pris les décisions drastiques que nous avons prises » a-t-il-affirmé avant de poursuivre que l’Espagne a effectué une réforme du travail très incisive, mais n’a pas prêté la même attention aux comptes publics.
Dès son accession au pouvoir, Monti approuva un décret appelé Sauve l’Italie supposant un ajustement de 30.000 millions d’euros entre 2012 et 2014. Des dépenses d’une valeur de 12.000 millions seront ainsi réduites et les recettes budgétaires connaitront une hausse de 18.000 euros. Cependant, la mesure la plus traumatique qu’il ait pris seul, sans le soutien des partis politiques ni des syndicats, a été la réduction des droits alloués aux pensionnaires.
Le chef du gouvernement italien qui, vendredi dernier, a approuvé en plein conseil des ministres une réforme du travail qui risque de lui faire perdre le soutien de la majorité dont il jouissait jusque là, s’est attaqué à Berlusconi qu’il a jusqu’ici épargné de tout critique, lui reprochant d’avoir reconnu « tardivement » le problème de la crise. Des propos qui n’ont pas manqué de surprendre les chefs d’entreprises présents sur les lieux.
« Ne nous trompons pas. La crise est le résultat d’une absence de décisions durant les dernières décennies. Nous ne nous en sortirons ni dans cinq mois, ni dans cinq ans. Le pays n’est pas en situation de faire des pRomesses », ajouta-t-il.
Ainsi, en finissant son discours, l’auditoire, au lieu d’applaudir, maintient son silence. Mais Monti en bon italien joue la carte de l’humour. « Je suis tout à fait convaincu qu’un tel silence signifie un grand applaudissement », conclut-il.