Travailler 60 heures par semaine n'a pas les mêmes effets sur la santé selon que l'on est une femme ou un homme. C'est ce que met en lumière une nouvelle étude réalisée par l'Université de l'Ohio. Publiée jeudi 16 juin dans la revue scientifique Journal of Occupational and Environmental Medicine, elle révèle que les horaires à rallonge sont particulièrement néfastes sur la santé des femmes en triplant les risques de développer des maladies chroniques. Si les heures supplémentaires pèsent aussi sur la vie privée ou familiale des hommes, leur santé semble en revanche moins impactée que celle des femmes.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont suivi durant trente-deux ans, de 1978 à 2009 7 500 volontaires, femmes et hommes, nés entre 1957 et 1964. Lors de cette vaste enquête, intitulée National Longitudinal Survey of Youth, il a été demandé aux participants de déterminer précisément quelles étaient leurs conditions de travail et leur état de santé.
Résultat : plus de la moitié des participants ont déclaré travailler en moyenne entre 41 et 50 heures par semaines. 13% ont affirmé entre 51 et 60 heures hebdomadaires et 3% plus de 60 heures.
Les scientifiques ont ensuite croisé ces données avec l'apparition de maladies, répertoriées en 8 catégories : les maladies cardiaques, le cancer (à l'exception de celui de la peau), le diabète, le cholestérol, les maladies pulmonaires, l'asthme, l'hypertension, la dépression et l'arthrite.
Au terme de l'expérience, les chercheurs ont mis en lumière que les femmes effectuant des horaires avaient trois fois plus de risques que les hommes de développer une maladie. "Les résultats concernant les femmes ont été particulièrement saisissants, explique le professeur Allard Dembe, spécialiste en santé publique et principal auteur de l'étude. Nos analyses ont prouvé qu'il y a un lien clair et fort entre des horaires à rallonge et le développement d'un cancer, d'une maladie du coeur, d'arthrite ou de diabète."
Pour les scientifiques, ce fort impact sur la santé des femmes des horaires à rallonge a une explication simple : le stress, lui-même découlant directement de la difficulté de concilier vie professionnelle et vie familiale. "Les femmes, en particulier lorsqu'elles doivent jongler entre plusieurs rôles, ressentent les effets d'un travail intensif. Et cela peut être la porte d'entrée à toute une variété de pathologies", poursuit le professeur.
A contrario, les hommes sont relativement épargnés par les effets des heures supplémentaires répétées sur la santé. L'augmentation de leur temps de travail hebdomadaire à 60 heures ne les expose pas davantage aux maladies, hormis l'arthrite.
Travailler beaucoup serait même, si l'on en croit les résultats de l'étude, bénéfique à leur santé : ceux travaillant entre 41 et 50 heures par semaines seraient ainsi moins sujets aux pathologies cardiaques, aux maladies pulmonaires et à la dépression que les hommes travaillant 40 heures ou moins.
Une donnée qui n'empêche pas les auteurs de l'étude de souligner les bienfaits d'horaires plus flexibles, non seulement sur la santé des salariées, mais aussi sur leur motivation et leur productivité.