Les femmes vont prendre le pouvoir sur les hommes. Telle est la théorie que défend la journaliste américaine Hanna Rosin, qui prévoit la fin proche du patriarcat qui régit nos sociétés. Dans son essai qui fait couler beaucoup d’encre, The End of Men and the Rise of Women, elle s’intéresse à la déroute des hommes dans un monde où les femmes, fortes de leur « intelligence émotive », leurs capacités de communication, de « concentration », seraient gagnantes sur quasiment tous les plans.
Ses arguments ? Selon elle, l’émergence d’une société de services, dans laquelle les qualités dont bénéficient les femmes sont bien plus utiles et sont devenues des atouts de poids face aux capacités habituellement reconnues aux hommes, favorise l’émancipation de ces dernières. Difficile en même temps pour les hommes de s’adapter à la fin d’une économie industrielle et de relever les défis d’une société post moderne.
La journaliste pointe ainsi en parallèle la difficulté des hommes à s’adapter aux évolutions économiques et sociales de notre monde. Selon Mme Rosin, ces messieurs peinent à se fondre dans un monde en transition, où les repères habituels sont mouvants. Les hommes peuvent avoir des difficultés à s’affranchir de leur rôle traditionnel et des stéréotypes qui ont dessiné notre société patriarcale. Pour exemple du rôle de plus en plus prégnant des femmes dans la société, Hanna Rosin souligne qu’en 2009, les États-Unis comptaient pour la première fois plus de femmes actives que de travailleurs. Elle cite aussi les nombreux secteurs dans lesquels les femmes gagnent du terrain : les études d’ingénieur, de science…
Reste que ces exemples sont parcimonieusement semés au gré des pages de l’essai, oubliant trop souvent les inégalités flagrantes qui persistent et les différences criantes entre certains pays occidentaux et d’autres en voie de développement. Et si les femmes sont de plus en plus présentes dans l’entreprise, comme le rappelle dans le Guardian la journaliste Mary Beard, elles gagnent toujours en moyenne 20% de moins que leurs homologues masculins. Et quand on regarde les chiffres de la parité en politique ou dans les conseils d’administration des entreprises, on se dit qu’il faudra encore du temps pour que les prévisions de la journaliste s’accomplissent.
Ce à quoi Hanna Rosin répond : « Le monde ne changera pas du tout au tout du jour au lendemain. Les hommes le dirigent depuis près de 4000 ans, les femmes ont commencé à s’imposer à leurs côtés depuis 40 ans. Il y a donc encore des obstacles à surmonter », commente-t-elle, réaliste. Mais en l’avènement d’un nouveau type d’homme moderne, et d’une nouvelle femme, elle y croit. Une question de temps ?
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