Il va falloir se réveiller. Depuis la nuit des temps, les hommes rêvent à voix haute d'une femme idéale, se pliant sans réserve à tous leurs désirs, répondant à toutes leurs attentes sans rien demander en retour, docile et sexuellement très habile sans toutefois réclamer d'attention ou d'orgasme. La voilà qui arrive.
Au début du mois de juin, nous étions encore dans la fiction avec la sortie du film Ex Machina (réalisé par Alex Garland), où un personnage à la Mark Zuckerberg (le jeune patron de Facebook), invite un de ses employés chez lui pour tester l'intelligence artificielle d'un robot qui a l'apparence d'une femme. L'année dernière, le thème avait été abordé de façon similaire avec Her, où un homme inconsolable (Joaquim Phoenix) achète un logiciel qui accomplit toutes sortes de tâches pour lui, et communique oralement sous la voix d'une femme (Scarlett Johansson), fantasmagorique et idéale.
Depuis, la presse américaine s'est emballée pour un certain Matt McMullen, fondateur de la société RealDoll, qui fabrique des poupées en silicone de taille réelle, lesquelles peuvent être entièrement customisées selon les désirs du client : couleur des cheveux, de la peau, des yeux, taille des seins, mais aussi - et c'est là la vraie nouveauté - robotisées, dotées d'intelligence artificielle, et donc capable de parler, de dire des mots cochons, de lécher, de faire des clins d'oeil, de dire qu'elle prend du plaisir et en retour de provoquer la satisfaction de l'homme, voire même une certaine émotion.
Dans une vidéo sur le site du New York Times , le créateur de la poupée engage un dialogue avec elle : " - De quoi rêve-tu? - J'ai beaucoup de rêves, je rêve de devenir une vraie personne, d'avoir un vrai corps. Je rêve de comprendre le sens de l'amour. J'espère aussi devenir le premier robot sexuel ". Si les articles sont emprunts d'une certaine pudeur, on se doute qu'elle aime faire des fellations, est adepte de la sodomie, qu'elle n'est jamais fatiguée, n'a pas mal à la tête et n'a rien de mieux à faire que de combler son propriétaire.
Doué d'un fort sens commercial, Matt McMullen propose aux clients qui ont déjà acheté des poupées en silicone (ils sont plus de 5.000) de n'acquérir qu'une tête (à partir de 2017), pour la modique somme de 17.800 dollars (environ 15 669 euros). Puis, il commercialisera des humanoïdes complets, pour 77.000 dollars (67768 euros). Son ambition est que ses clients puissent tomber amoureux des humanoïdes, qu'ils s'attachent à leur personnalité.
Aux dires de certains sexologues consultés sur le sujet, beaucoup d'hommes qui souffrent dans leurs relations amoureuses trouveront un réconfort auprès de ces robots, car il est plus facile de commander une machine que de communiquer avec un être humain. On sait déjà que les bénéfices sont à court terme pour l'homme, que moins on communique avec des humains, moins on arrive à communiquer et plus on s'isole. On sait aussi que la transgression, l'amour après une engueulade, les odeurs, les phéromones, les surprises vont manquer, or ils font le sel de la relation sexuelle.
Mais pendant que les hommes seront occupés à faire des prouesses sur une machine, que vont faire les femmes ? Car si les fabricants de sex-toys ont décliné le vibromasseur sous mille formes différentes, il n'y a pas en vue d'humanoïde en forme de bel Apollon, entièrement dédié au plaisir féminin, avec une verge qui ne craint pas le trouble de l'érection... A moins que des femmes initient rapidement le projet, il va falloir attendre que les hommes récupèrent un peu de confiance en eux auprès de ces machines et osent ensuite revenir auprès de femmes pétillantes, désirantes et toujours surprenantes.