






#MeToo a-t-il vraiment bouleversé Hollywood ?
En posant en lingerie en Une de Vanity Fair, Gwyneth Paltrow a décidé de se mettre à nu, mais dans tous les sens du terme. Auprès du magazine, auquel elle accorde une controversée séance photos en lingerie à 52 ans, la star des années 90 a accepté de revenir sur les sujets les plus touchy.
Ces scènes de sexe avec Timothée Chalamet dans son prochain film, bien sûr, lequel film (une histoire d'amour sulfureuse), à en croire la revue, l'érige en "quinquagénaire ultra hot", l'actrice ne cachant pas sa fascination pour son binôme de 20 ans son cadet ("Timothée Chalamet, c’est plutôt le sex-symbol intello. Il est très poli, bien élevé, c’est un homme qui prend son travail au sérieux et un partenaire très drôle").
Mais aussi et surtout : son implication pas connue de tous dans le mouvement #MeToo. Et la chute de Harvey Weinstein, ex producteur surpuissant, cofondateur auprès de son frère de la firme Miramax, "parrain" des Oscars, et "ogre" de Hollywood, qui désormais accepte de plus en plus d'interviews... Depuis sa cellule de prison.
Harvey Weinstein a été condamné en mars 2020 à 23 ans de réclusion criminelle pour viol et agression sexuelle.
A l'origine des révélations fondamentales ayant constitué une partie du dossier à charge contre cette personnalité autrefois intouchable de l'industrie, une enquête matricielle des reporters Jodi Kantor et Megan Twohey pour le New York Times. Et tel qu'on le découvre en lisant le livre She Said, autrement dit le best seller revenant sur les coulisses de cette investigation colossale, Harvey Weinstein n'aurait jamais été accusé publiquement, jugé, et condamné, sans... Gwyneth Paltrow.
Car c'est effectivement Paltrow qui la première et après d'abondants tours d'ascenseur émotionnel (hésitations, refus, suscités par la crainte des représailles), a fourni des contacts à Jodi Kantor et Megan Twohey, en étudiant notamment son carnet d'adresse du côté des actrices susceptibles de pouvoir témoigner.
Paltrow aurait contribué à convaincre ces actrices.
"Elle l'appelait "oncle Weinstein". Longtemps blâmée pour son silence autour des agissements du producteur Harvey Weinstein, Gwyneth Paltrow aurait, en réalité, mené une guerre souterraine contre l'ex-magnat hollywoodien. C'est ce qu'affirment Jodi Kantor et Megan Twohey : Elle était effrayée de parler en public mais elle est vite devenue une source cruciale, partageant le récit de son harcèlement sexuel et essayant de convaincre d'autres actrices de parler", rapporte Madame Figaro.
Et ce, malgré l'omerta, et surtout, la relation très longue date qui l'associe à Harvey Weinstein. Personnalité d'influence, n'hésitant pas à invoquer diverses pressions pour triompher au sein des académies, Harvey Weinstein est derrière le triomphe de Shakespeare in love, et avec lui, de son actrice principale, Gwyneth Paltrow elle-même, couronnée Meilleure actrice cette année-là.
Pourtant, Paltrow a osé parler. Témoignant : "J’étais jeune, j’étais sous contrat, j’étais pétrifiée. On attendait de moi que je garde ma bouche fermée". Dans sa prise de parole auprès des deux journalistes en 2017, elle explique que le producteur lui aurait proposé un "massage" dans une chambre d'hôtel, "rituel" imposé à de nombreuses actrices. "Massage" qu'elle aurait refusée. Avant que son conjoint de l'époque, Brad Pitt, ne vienne menacer Harvey Weinstein.
Et des années plus tard, c'est exceptionnellement dans les pages de Vanity Fair qu'elle s'exprime : "Les 'réunions' organisées dans les chambres d’hôtel, d’après ce que j’ai compris, c’est fini"
"Ou alors il y a plusieurs personnes dans la pièce. Cette bulle a définitivement éclaté. Je ne doute pas que les abus de pouvoir à Hollywood perdurent, comme partout, mais les choses ont vraiment changé".
La révolution MeToo aurait donc éveillé certaines consciences, ou tout du moins, inquiété d'éventuels harceleurs et agresseurs sexuels quant à l'impunité de leurs actes. Quand bien même la star admet que les rapports de domination perdurent malgré tout. Comme dans toute sphère professionnelle.
Et l'actrice Oscarisée de témoigner du sexisme qu'elle a pu elle même subir : "J’étais vraiment désabusée à un certain moment de ma carrière, je n’aimais pas la façon dont j’étais traitée, beaucoup de choses ne me convenaient plus », et notamment « la différence de traitement avec les acteurs masculins. Tout ça sonne un peu cliché aujourd’hui, mais c’est une réalité et elle est difficile à vivre. Disons que tout ça n’est pas aussi glamour que ça en a l’air...".