"Imaginez si les hommes étaient aussi dégoûtés par le viol qu'ils le sont par les règles". C'est à coups de punchlines de ce type, inscrites sur des serviettes hygiéniques et placardées dans la rue qu'Elonë, une jeune habitante de Karlsruhe, en Allemagne, lutte pour les droits des femmes.
Ses protections périodiques bardées de messages féministes et scotchées dans des endroits variés font en effet sensation depuis quelques jours. Sur son Tumblr et son compte Instagram , la jeune femme relaie des photos de son action politique qui s'avère finalement aussi efficace, voire plus, que les seins nus des Femen, au vu du buzz qu'elle génère.
Il faut dire que ce happening appuie là où ça fait mal. En montrant des serviettes hygiéniques, Elonë illustre le paradoxe dont sont victimes les femmes : exhibées et traitées comme des objets sexuels d'un côté, elles sont par ailleurs tenues de dissimuler leurs règles, considérées comme sales ou honteuses.
"Ragnagnas", "anglaises", "ours"... Les expressions familières utilisées pour désigner les menstruations en français témoignent bien de l'image négative associée aux règles, qui sont bien souvent tournées en ridicule et marquées du sceau de la honte. Il suffit d'évoquer le sujet auprès de représentants de la gent masculine et de voir leurs mines gênées pour comprendre que les règles doivent rester taboues. Quand elles ne sont pas le prétexte pour charrier les clichés les plus stupides au sujet des femmes.
La démarche d'Elonë est un exemple de plus d'une volonté de lever ce tabou au sujet des menstruations. Depuis quelque temps, les marques de protections hygiéniques cherchent en effet à moderniser leurs publicités en recourant à l'humour ou aux messages féministes. Il y a quelques mois, la publicité HelloFlo bousculait les habitudes en montrant une petite fille désireuse d'avoir ses règles dans un sketch aussi drôle que malin. Une pub à mille lieux des réclames ultra-pudiques que les marques nous ont servies pendant des années, allant jusqu'à remplacer le sang par du liquide bleu pour ne pas trop froisser l'opinion publique.
En faisant descendre les serviettes hygiéniques dans la rue et en les subvertissant grâce à des messages engagés aussi simples que frappants, cette jeune activiste allemande participe à ce mouvement ô combien salutaire.