C'est l'étude qui ne va pas plaire du tout aux partisans de la Manif pour tous. Selon une récente étude publiée dans The Journal of Adolescent Hearth, les attentes sexospécifiques imposées aux enfants créeraient des dommages durables à l'âge adulte.
L'étude a été réalisée auprès de 450 enfants vivant dans 15 pays différents répartis sur les cinq continents, ainsi qu'auprès d'un de leurs parents ou tuteurs. Malgré les différences culturelles marquées selon les pays dans lesquels ils ont grandi, les chercheurs ont pu noter que les parents apprenaient toujours à être forts et indépendants, tandis qu'on enseigne aux filles à être vulnérables et maternelles. "Le mythe selon lequel les filles sont faibles et les garçons sont forts était tellement globalement répandu que nous avons pu l'observer à maintes reprises dans 15 pays et sur les cinq continents", explique Robert Blum, directeur de la Global Early Adolescent Study, et qui enseigne à l'Université Johns-Hopkins.
Selon lui, les stéréotypes sexuels sont intégrés très jeunes par les enfants : dès l'âge de 10 ans, les petites filles et les petits garçons parviennent à distinguer leur "rôle" au sein de la société. "Nous avons vu des enfants très jeunes, que ce soit dans les sociétés les plus ouvertes ou dans les plus conservatrices, intérioriser très vite ces mythes selon lesquels les filles sont vulnérables et les garçons forts et indépendants, développe Robert Blum. Et ce message est constamment renforcé de façon quasi systématique par la fratrie, les camarades de classe, les professeurs, parents, tuteurs, proches, entraîneurs ou membres du clergé", ajoute le chercheur.
Or, s'alarme Kristin Mmari, également auteure de l'étude, "les risques en matière de santé encourus par les adolescents sont déterminés par des comportements façonnés par les stéréotypes sexuels, qui peuvent être bien ancrés chez les enfants dès l'âge de dix ou onze ans.
"Des milliards de dollars sont investis dans le monde dans des programmes de santé destinés aux adolescents mais qui ne vont pas les toucher avant 15 ans, ce qui est déjà trop tard pour avoir un vrai impact", souligne la chercheuse.
Car ces stéréotypes de genre enseignés très tôt aux enfants sont loin d'être bénéfiques à leur épanouissement et à leur développement. L'étude montre que dans presque tous les pays, les garçons sont encouragés à passer du temps en dehors du foyer, sans surveillance, afin de découvrir le monde et vivre des aventures. Incités à se montrer forts et indépendants, les stéréotypes peuvent les pousser à se montrer violents, abusifs ou à consommer des drogues et de l'alcool.
Les filles, elles, sont plus susceptibles d'être victimes de violences physiques ou sexuelles, d'abandonner l'école, de se marier ou avoir un enfant précocement, être infecté par le VIH ou d'autres maladies sexuellement transmissibles. "Les stéréotypes font du mal à tout le monde", conclut Robert Blum.
"Les filles reçoivent le message qu'elles ne devraient pas se voir dans des rôles de leader et que les garçons reçoivent celui qu'ils doivent se montrer encore plus agressifs", estime pour Refinery29 Deborah Best, professeur de psychologie de l'Université Wake Forest spécialiste des stéréotypes de genre. Ces stéréotypes sexuels causent des dommages qui durent jusqu'à l'âge adulte. Ils contribuent à faire perdurer à l'écart salarial et les violences sexistes et sexuelles. C'est d'autant plus inquiétant que d'autres études ont montré que les stéréotypes de genre étaient assimilés avant même l'âge de 10 ans. Un autre travail scientifique publié plus tôt cette année avait ainsi montré que dès l'âge de 6 ans, les petites filles se considéraient comme moins intelligentes que les garçons.