Le développement des inégalités hommes-femmes dans le monde du travail se joueraient-il dès l'école primaire ? Alors que fin novembre, la ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem présentait son plan d'action pour favoriser l'apprentissage de l'égalité filles-garçons à l'école, l'Institut national d'études démographiques (Ined) a rendu publique mercredi 10 décembre une étude mettant en lumière une situation paradoxale : alors que les progrès en matière d'égalité entre les sexes sont « indéniables » dans l'éducation depuis les années 1970, « l'école reste un lieu de production d'inégalités de genre ».
Plus diplômées que les garçons (en 2009-2011, 31% des femmes sont diplômées d'un Bac+3 pour 24% d'hommes), les filles continuent d'être minoritaires dans les filières scientifiques et techniques, considérées comme plus prestigieuses, où les débouchés sont plus nombreux et plus rémunérateurs. Pour l'Ined, cette persistance des inégalités s'explique notamment par « les stéréotypes de genre qui balisent les parcours scolaires ». Les manuels scolaires, notamment, sont pointés du doigt. En juillet dernier déjà, un rapport sénatorial avait épinglé nombre de ces outils pédagogiques qui, en cantonnant les femmes à des rangs subalternes, voire en les oubliant complètement de leurs pages, contribuaient à véhiculer les clichés sexistes.
Et ces inégalités entre filles et garçons se poursuivent lors de leur entrée dans le monde du travail. Chômage, contrats précaires, écarts salariaux… Si le taux d'activité des 25-29 ans chez les personnes sans enfant est quasiment équivalent pour les deux sexes (87,8% pour les femmes et 91,8% pour les hommes), les femmes connaissent indéniablement un début de carrière plus difficile.
Ainsi, affirme l'Ined, elles sont deux fois plus nombreuses que les hommes (17% contre 9%) à connaître une situation prolongée de non-emploi. Alors que 60% des hommes bénéficient d'un CDI, seules 47% des femmes sont dans la même situation.
La précarité des femmes ne touche pas que les jeunes actives : au bout de sept ans, 16% des femmes titulaires d'un CAP ou d'un BEP sont sans emploi, contre 8% des hommes. Les emplois à temps partiels sont aussi majoritairement féminins : 12% des femmes travaillent à mi-temps, contre 1% des hommes. Enfin, les écarts de salaire profitent encore et toujours aux hommes : à niveau d'études équivalent, les femmes continuent de percevoir entre 8% et 18% de moins que leurs collègues masculins.
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