Les lesbiennes sont-elles les grandes oubliées de l’ouverture des esprits vis-à-vis de l’homosexualité ? Le collectif Osez le féminisme ! cherche en tout cas à faire la lumière sur la spécificité des violences dirigées contres ces femmes en lançant une campagne de sensibilisation. Sur l’affiche, deux femmes s’embrassent au milieu d’un parc. La chose est rare, alors qu’on voit fréquemment, du moins dans les grandes villes, des couples d’hommes se promenant main dans la main. « Choquant ? » apparemment oui puisque 6 lesbiennes sur 10 subiraient des actes des lesbophobie chaque année.
Le masculin l’emporte
Alors que le mot « homophobie » s’est banalisé pour évoquer les violences faites aux homosexuels, certaines associations déplorent qu’on confonde souvent les hommes et les femmes, pas forcément égaux dans le vécu de leur homosexualité. « Nous ne disons pas que les femmes homosexuelles souffrent plus que les hommes, mais les violences subies par les lesbiennes sont moins reconnues », explique Jocelyne Fildard, coprésidente de la Coordination Lesbienne de France. Ce mouvement revendique la création du terme « lesbophobie », « un mot qui nous a permis de nous rendre visibles, et que nous souhaitons faire entrer dans les dictionnaires usuels de Français ». En effet, Jocelyne explique que dans le mot « homophobie », la conscience de la plupart des gens pense « gay », et un gay, c’est un homme. « La société rend invisible les lesbiennes, et le problème c’est que celles-ci ont intériorisé cette lesbophobie, elles se rendent elles-mêmes invisibles. »
Sexisme + homophobie
Quelle est donc la particularité des violences dirigées contre les femmes homosexuelles ? « Les lesbiennes, dans une société encore très largement dominée par les hommes et où l'hétérosexualité est la norme, sont doublement discriminées, en tant que femmes et en tant qu'homosexuelles. La lesbophobie, c'est la conjugaison des discriminations sexistes et homophobes », peut-on lire sur le blog stop-lesbophobie. Encore taboue, la lesbophobie est oubliée de la plupart des enquêtes sur les violences faites aux femmes. Jocelyne évoque cette jeune femme violée par trois hommes à Montreuil en 2004, aspergée de whisky et tabassée, ses agresseurs l’avaient abordée en lui promettant de la faire changer de préférence sexuelle : « on va voir si tu aimes les femmes ».
« Il est important que notre cause soit aussi portée par les féministes, et non pas seulement par les associations d’homosexuels, pour que nous ne soyons pas considérées seulement en fonction de notre sexualité, mais en tant que femmes. »
Le site de la campagne
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