Lionel Marchetti est l’un de ces artistes qui travaillent le son comme le potier aguerri pétrirait de la glaise, ou comme le sculpteur exigeant écornerait la pierre. Entre ses mains, ou plutôt ses oreilles, les ondes sont toutes aussi solides que n’importe quel matériau. Il est compositeur de musique concrète, résultat d’un travail de montage et de transformation de sons après leur enregistrement. Voix, émissions, chansons, bruits en tout genre sont les substances qu’il récolte au cours de ses voyages et qu’il forge ensuite pour recréer un univers quasi cinématographique.
Son parcours, à l’origine marqué par la recherche sonore, s’enrichit aujourd’hui d’une variété de disciplines et d’influences. Après avoir été compositeur au sein du Groupe de Recherche Musicales (GRM) de Paris, il se frotte à l’écriture et la danse et travaille avec la danseuse Japonaise Yôko Higashi.
Le travail de Natacha Muslera s’appuie sur la voix comme outil de transposition de sons de toutes sortes (organiques, analogiques, synthétiques, numériques bestiaux, spectraux, etc.). Le temps et l’espace occupent une place privilégiée dans son processus de création. Elle travaille actuellement avec CHŒUR TAC-TIL, un chœur mixte et aveugle, et cherche à libérer la composition sonore des instruments traditionnels en la faisant naître de l’ouïe et du toucher grâce aux techniques numériques, électroniques et mécaniques.
Eric Freymond est encore un plasticien d’un autre ordre. Ce n’est pas le son qui l’intéresse, mais le silence. Marqué par une dispute familiale à l’âge de ses 11 ans se soldant par un silence embarrassé, ce collectionneur d’ondes s’est ensuite mis en tête de chasser les silences en les capturant à l’aide d’un simple micro. Le silence après l’amour, celui qui ponctue une promenade dans les bois, ou celui accompagnant la solitude d’une chambre, tous les silences ne sont pas identiques. La pureté des silences varie elle aussi. L’activité humaine génère parfois des sons parasitaires que le silence contient. Actuellement exposé dans des galeries belges, Eric Freymond promet de s’exporter.
Profitons de cet article pour rendre hommage à Knud Viktor, artiste sonore, mort le 10 juin 2013. Il n’était pas Français, mais Danois, mais affectionnait particulièrement le Lubéron et les bruits que la nature pouvait y émettre, de la vibration des cigales aux frottements infimes des verres et des lapins dans leur terrier. C’était un pionnier du Field recording (mouvance des années 70 et popularisée par les Pink Floyd) qui s’attachait à rendre audibles des univers infinitésimaux, « l’araignée qui tisse, l’escargot qui marche ».