Ils étaient nombreux ce vendredi 16 janvier dans le hall Saint-Martin de Pontoise pour rendre un dernier hommage à Stéphane Charbonnier (alias Charb), figure emblématique de Charlie Hebdo assassiné le 7 janvier. Parmi les centaines de proches et d'anonymes venus se recueillir avant l'inhumation du dessinateur et journaliste, Luz, auteur de la couverture du nouveau numéro de l'hebdomadaire, a délivré un discours plein d'humour devant les caméras.
En rendant hommage à son « frère », son « rédacteur en chef » et « amant », l'illustrateur a voulu rire une dernière fois en proposant une lecture toute particulière des tragiques événements de la semaine passée. « Ah, qu'est-ce qu'on s'est enculé toutes ces années ! », a entamé le caricaturiste avant de s'attarder sur les « premières conneries et premiers dessins » de Charb.
Imaginant ce qu'aurait dessiné son ami ces derniers jours, Luz a décrit le dessin fictif d'un Benjamin Netanyahu et d'un Mahmoud Abbas à la marche républicaine du dimanche 11 janvier. « J'imagine et je me marre [...] Tu aurais dessiné Netanyahou et Mahmoud Abbas. Dans ton dessin, ils ne se tiendraient pas la main, mais ils tiendraient la bite à Sarkozy », a plaisanté Luz devant une salle qui n'a pu s'empêcher de sourire.
Et l'orateur de louer les qualités artistiques de Charb qui insistait, selon lui, pour bien dessiner « les uniformes et les armes » car « pour dessiner les cons il faut être très précis ». Corrosif et émouvant, le dessinateur a enfin invité chacun à prendre les crayons. « Je suis Charlie ? Prouvez-le ! Prenez vos crayons, vos papiers, un scan, un ordi, exprimez-vous... En texte, en dessin, en vidéo, que sais-je... », a-t-il adressé aux « lecteurs et lectrices de toujours ou d'un jour », qui ont soutenu Charlie Hebdo depuis l'attaque. Et de conclure avec les paroles de Dead Kennedys, groupe punk des années 70 que lui avait fait découvrir son pote Charb : « Too drunk to fuck, but too funny to die ! » ("Trop bourré pour baiser, mais trop drôle pour mourir").
Patrick Pelloux, médecin et chroniqueur de Charlie Hebdo, a lui aussi prononcé quelques mots pour son ami Charb. « Avec Cabu, Wolin, et tous les autres, vous avez changé le monde », a notamment déclaré l'urgentiste en sanglots.