Une femme ronde, aux courbes très généreuses, dévoile, la mine radieuse, sa nudité sublimée. Un slogan accompagne son geste libérateur : « qu’est-ce qui cloche, à la fin, avec notre corps ? ». C’est la campagne de pub contre le diktat de la maigreur, dans la mode et dans les magasins, qu’a lancée dans son numéro de janvier PLUS Model Magazine, un magazine américain destiné aux rondes. C’est le top model russe de 28 ans, Katya Zharkova, qui prend la pose sous l’objectif de Victoria Janashvill. On peut la voir, dans d’autres clichés, entourer le corps nu et frêle d’une autre jeune femme très maigre, dont le visage nous est caché.
Chaque visuel affiche un slogan qui délivre des statistiques sans appel pour l’industrie de la mode, et son obstination à célébrer une image de la femme complètement fantasmée. La campagne rappelle ainsi que l’IMC des mannequins « classiques » défilant sur les catwalks correspond au diagnostic de l’anorexie. Elle pointe du doigt le phénomène de radicalisation extrême de la minceur dans la mode : il y a vingt ans, les mannequins pesaient 8% de moins que la moyenne des femmes. C’est 23% de moins aujourd’hui.
Mais la campagne vise moins à raviver la polémique de la maigreur qu’à dénoncer l’hypocrisie qui sévit même dans le marché de la mode réservé aux rondes. Il y a dix ans, les mannequins dites « plus size » oscillaient entre le 44 et le 50, maintenant entre le 38 et le 46, affirme le magazine. Crystal Renn, mannequin « plus size » rentrée dans la « norme » acceptée par l’industrie de la mode à la faveur d’un régime qu’on imagine drastique, incarne les pressions subies par les femmes pour se conformer au diktat de la maigreur. Le magazine embrasse surtout l’objectif de dénoncer les enseignes grand public qui font la sourde oreille et s’évertuent à proposer des vêtements aux tailles inadaptées à la morphologie des femmes américaines. Il rappelle que la moitié d’entre elles font du 14 (c’est-à-dire du 46).
PLUS Model Magazine invite donc ses lectrices à « aimer [leur] corps tel qu’il est, unique », et à se rebeller contre le système. « Si nous continuons à ignorer la situation et laisser à d’autres le choix de décider ce que nous voulons voir, le changement n’aura jamais lieu », s’exclame-t-il. Le mode d’action préconisé ? Le soutien des enseignes qui ciblent vraiment les femmes de la rue, le boycott des autres, le soutien des designers indépendants, et l’utilisation des réseaux sociaux pour faire comprendre aux marques leur mécontentement.
L’article n’a pas manqué de créer une polémique entre les internautes, certaines dénonçant la stigmatisation des maigres véhiculée par les clichés. Certains internautes regrettent le manichéisme de ces campagnes qui alimentent l’opposition rondes/maigres quand elles devraient plutôt en appeler à un mode de vie sain.
Élodie Vergelati
(Sources : docnews.fr, plus-model-mag.com)
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