Il suffit parfois de rencontrer la bonne personne avec qui s'associer pour oser se lancer, quitter son travail et monter le projet de sa vie. Sidonie Floret et Sarah Abid en savent quelque chose. Devenues collaboratrices et amies, les deux jeunes femmes ont créé Maison Floret , une nouvelle griffe parisienne qui propose aux mariées des looks délicats et minimalistes pour le Jour J.
Sidonie à la création artistique, Sarah au développement commercial, Maison Floret est une affaire qui marche. Depuis sa fondation en avril 2015, la petite marque a déjà séduit une cinquantaine de mariées, a participé en novembre à Andy , le festival du mariage arty, et a ses entrées à Maria Luisa, le temple de la mode nuptiale du Printemps Haussmann. Sidonie et Sarah disposent aussi d'un petit studio à République, où elles aident les jeunes femmes à choisir la robe de leurs rêves.
Si Maison Floret connaît une si jolie réussite, c'est parce que Sidonie et Sarah ont mûrement réfléchi leur projet. Avant même leur rencontre, chacune avait l'idée de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale. Pour Sidonie Floret, l'envie remonte à une dizaine d'année, lorsqu'elle a réalisé sa robe de mariée. "L'idée d'être indépendante m'a toujours été chère, mais ça me semblait bancal de me lancer seule en tant que créatrice", nous explique-t-elle. Styliste chez Bonpoint, Sidonie ne perd pour autant pas son rêve de vue et continue à prendre des commandes d'amies qui souhaitent qu'elle crée leur robe de mariée. "Je n'avais pas du tout de structure, je travaillais de chez moi. J'ai pris quelques commandes et ça a été un bon test. J'ai rencontré beaucoup de jeunes femmes, ce qui m'a permis de faire ma petite étude de marché."
Alors qu'elle s'apprête à participer au Salon du mariage du Carrousel du Louvre, elle rencontre Sarah par l'intermédiaire de sa cousine. "C'était il y a cinq ans, au moment où le marché de la robe de mariée était en train de se réinventer. Dans sa newsletter, MyLittleParis a écrit quelque chose sur le style de Sidonie, et ça a fait boule de neige. Elle a reçu plusieurs centaines de messages de jeunes femmes qui voulaient qu'elle réalise leur robe", raconte Sarah. Diplômée d'école de commerce, elle-même venait de passer six ans à travailler dans une banque d'investissement à Londres. "Je suis rentrée à Paris pour être avec mon conjoint et construire une famille. Après la naissance de mon fils, j'ai recommencé à réfléchir à mon projet professionnel et je me suis vite rendue compte que je n'avais plus l'énergie de travailler en finance de marché. En revanche, j'avais très envie de m'atteler à un projet qui me serait propre et je cherchais quelqu'un de plus créatif avec qui m'associer."
Sarah fait alors la connaissance de Sidonie. "On a tout de suite commencé à travailler ensemble, on n'a pas réfléchi. Ça a été une évidence", affirme Sidonie. "Certains pourraient penser que c'est très risqué de se lancer avec quelqu'un qu'on ne connaît pas. Mais on s'est fiées à notre intuition, renchérit Sarah. On dit souvent que les créatrices n'ont pas les pieds sur terre, sont un peu perchées. Au contraire, j'ai trouvé que Sidonie avait une vraie stratégie, ce qui a été très rassurant pour moi."
Aussitôt après leur rencontre, Sarah et Sidonie se mettent au travail. Elles décrochent un financement de Paris Initiative Entreprise (PIE) et un prêt à taux zéro Nacre, puis partent à la recherche de collaborateurs et fournisseurs. Tricoteurs, modélistes, façonniers... Ensemble, elles sillonnent la France pour dénicher les artisans qui donneront corps aux silhouettes fluides et graciles dessinées par Sidonie. Le credo de Maison Floret ? "Proposer des lignes simples, et quelques ornements bien dosés" comme de la broderie, des touches d'or et de couleur. "En venant chez Maison Floret, les jeunes femmes savent qu'elles vont trouver quelque chose d'un peu différent, de plus minimaliste avec un côté sport chic, des lignes pures, de belles matières", explique Sarah.
À la fois casual et gracieux, les looks imaginés par Sidonie Floret mettent l'accent sur les matières naturelles comme la laine et le velours et privilégient les tombés fluides et légers pour que la mariée se sente à l'aise dans sa robe. Outre des tenues courtes et longues (à partir de 2 300 euros), la collection comprend des jupes à matcher avec des tops (à partir de 750 euros), de la belle maille (490 euros) et des articles de prêt-à-porter (190 euros). Leur dernière création ? Un sweat-shirt que les futures mariées pourront floquer avec le portrait de leur promis et dont le prototype brodé main avec un fil de coton est à l'effigie... de Ryan Gosling. "Il nous fallait un homme viril devant lequel toutes les femmes se pâment. On a d'abord pensé à Tom Selleck de Magnum qu'on adore toutes les deux, puis on s'est dit que Ryan Gosling était peut-être plus actuel. D'autant qu'il nous plaît aussi ! L'idée, c'est de désacraliser la robe de mariée, de casser les codes. On déteste tout ce qui se prend au sérieux."
En attendant la saison des mariages l'an prochain, Maison Floret continue tranquillement à construire sa réputation de marque exigeante auprès des jeunes femmes à la recherche de la robe parfaite. Après Andy, la collection dessinée par Sidonie sera notamment présente le 6 février prochain au festival Love etc. organisé par La mariée aux pieds nus et le Blog de Madame C.
L'objectif de Sarah et Sidonie ? Multiplier les points de distribution – Maison Floret est déjà disponible à Bordeaux et en Irlande –, agrandir l'équipe et surtout s'internationaliser. "On vise notamment le marché londonien et les pays scandinaves, puisque nos looks s'adressent beaucoup aux mariées d'hiver", analyse Sidonie. "Et bien sûr, il faut aussi pérenniser la marque, conclut Sarah. On ressent que le marché est très vivant. Il y a une concurrence de plus en plus florissante, et c'est très bien. Un marché où il a de la concurrence, c'est un marché qui se porte bien. Mais c'est aussi un marché difficile. Il faut savoir se renouveler et prendre des risques mais toujours de façon calculée en n'oubliant pas que le mariage touche à quelque chose de sacré, où l'affect joue beaucoup. Assurer l'avenir de Maison Floret, c'est donc un exercice difficile et délicat." Nul doute que Sidonie et Sarah y parviendront sans trop de difficultés.
Trouver le/la bon(ne) associé(e). "À deux, on peut se renvoyer les énergies alors que tout seul, on a tendance à se morfondre. C'est plus difficile de rebondir."
S'entourer des bonnes personnes. "C'est important de trouver les collaborateurs qui croient au projet que vous portez."
Bien bosser son projet. "Aujourd'hui, il existe énormément de dispositifs pour aider les entrepreneurs à lancer leur boîte. Il ne faut pas hésiter à travailler en amont, à chercher les bons financements sur Internet."