Poissons gras, fruits de mer, produits laitiers, fruits et légumes... De nombreux aliments sont recommandés pour prévenir le "baby blues", surnom donné à la déprime passagère après la naissance d'un bébé, liée la chute brutale du taux d'hormones et à la fatigue de l'accouchement.
Mais depuis quelques années, un autre aliment peu ragoûtant est de plus en plus consommé pour parer à ce phénomène également connu sous le nom de "syndrome du 3e jour" : le placenta. Oui, vous avez bien lu. Depuis 2010, de nombreuses mères anglaises ont demandé à conserver leur placenta pour le manger, rapporte le site The Telegraph. Aux États-Unis, cette tendance est encore plus ancienne, puisqu'elle remonte aux années 1970.
Le placenta désigne une couche de cellules formées à l'intérieur de l'utérus pendant la grossesse pour fournir des nutriments et de l'oxygène au foetus. Riche en fer, en calcium et autres nutriments, il est généralement jeté après la naissance, notamment en France où conserver son placenta est interdit. Mais dans certains pays anglophones comme les États-Unis, cet organe peut être conservé par la mère si elle le souhaite.
Dans certaines cultures, le placenta est toutefois considéré comme un objet précieux et fait même l'objet de cérémonies. C'est par exemple le cas chez les Maories, populations polynésiennes autochtones de Nouvelle-Zélande, qui enterrent le placenta dans le sol indigène pour le lier à sa terre ancestrale et à son peuple.
Mais dans nos cultures occidentales, le placenta est destiné à être mangé afin que la jeune maman puisse pleinement profiter de sa composition riche en nutriments et en calcium pour augmenter sa production de lait et/ou prévenir le baby-blues. Elle est même encouragée par de nombreuses stars, à l'instar de l'actrice January Jones ou, plus récemment, de la mannequin Chrissy Teigen.
Généralement consommé cru ou cuisiné, le placenta est également parfois pris en gélules. Mais comme l'a expliqué à l'AFP en 2015 Marianne Benoit Truong Canh, vice-présidente du Conseil national de l'Ordre des sages-femmes, "le placenta va filtrer tout le sang en provenance de la mère pour donner au bébé un sang dénué de l'immense majorité des virus et bactéries maternels."
En d'autres termes, la femme qui le consomme prend le risque d'ingérer les bactéries filtrées par le placenta en amont. De surcroît, aucune étude scientifique n'a (du moins pour l'instant) démontré les bienfaits de manger cet organe, aussi bien d'un point de vue nutritif que pour se protéger du baby-blues.
Une étude publiée dans la revue Archives of Women's Mental Health en 2015 a par ailleurs alerté sur les dangers de conservation et de préparation du placenta. Mal décongelé, l' "aliment" pourrait en effet s'avarier.
Cette grande mode légèrement cannibalesque n'est donc, d'un point de vue purement médical, pas recommandée.