Procès Mazan, affaire P. Diddy, accusations contre l’abbé Pierre… À l’heure où les violences sexuelles continuent d’être au cœur de l’actualité, se pose également la question des moyens mis en place par la justice ainsi que la prise en charge des agresseurs pour éviter toute récidive.
Aussi appelée traitement inhibiteur de libido, la castration chimique est avant tout un terme qui désigne “une technique médicale qui vise à lutter contre une libido trop élevée, contre des fantasmes envahissants, une activité sexuelle trop importante”, comme nous l’a défini le psychiatre Liova Yon. Ce sont donc des molécules qui vont être utilisées afin de bloquer les hormones masculines.
En Italie, le gouvernement mené par la Première ministre Giorgia Meloni envisage d’ailleurs le recours à la castration chimique afin de pouvoir limiter les récidives, une proposition jugée “anticonstitutionnelle” par le parti de l’opposition du pays. Mais alors, le recours à la castration chimique est-il réellement adapté pour éviter les récidives ?
En France, la castration chimique est possible et peut être prescrite par un médecin et appliquée avec le consentement du délinquant sexuel. Cependant, c’est loin d’être adapté à la majorité des cas. Les motivations derrière le passage à l’acte des auteurs de violences sexuelles sont bien plus complexes qu’une simple histoire de libido.
“Le recours à la castration chimique dans la prise en charge et l’accompagnement des auteurs d’infractions sexuelles ne saurait être la recommandation de première ligne. Ce sont d’abord des prises en charge en profondeur de type psychologie, psychothérapie, afin d’essayer de comprendre les motivations profondes, les mécanismes qui amènent ces auteurs à passer à l’acte”, nous explique le Dr. Liova Yon, également expert pour la cour d’appel de Paris.
Penser que la castration chimique serait une sorte de solution miracle pour éviter toute récidive reviendrait alors à ignorer les motivations qui ne sont aucunement liées aux pulsions sexuelles et qui relèvent plus de l’ordre psychologique. Le Dr. Yon conclut d’ailleurs en disant : “La castration chimique peut servir chez certains, ce n’est pas la majorité mais elle n’est jamais une fin en soi”.