Les récents buzz autour de l'apparition de Zachary Miko, premier "mannequin plus size homme", comme égérie des magasins Target ou de la chorégraphie endiablée de Dexter Mayfield sur le catwalk du défilé Angelin de Marco Marco, soulèvent une question intéressante au sein de la mode grande taille : où sont les hommes ?
Grosses et gros sont souvent cantonnés aux rôles de clowns ou d'obsédés dans les représentations collectives. Mais si, toujours dans ces dernières, un homme, quelle que soit sa morphologie, peut être en couple avec une femme "au corps parfait" (selon la norme de la taille 0), l'inverse n'est pas vrai. Merci le patriarcat.
Pourtant, aujourd'hui, alors que des icônes "plus size" et body positive telles qu'Ashley Graham ou encore Tess Holliday diversifient le paysage du mannequinat féminin, l'évolution est bien plus lente au rayon homme. Bien que, souvent, le choix de taille soit plus important dans les magasins de prêt-à-porter, ils ne sont pas représentés comme commencent à l'être les rondes.
La raison derrière ce flagrant déséquilibre ? Le simple que les rondes sont "plus faciles" à mettre en avant car on les sexualise immédiatement pour leurs formes, afin de flatter un fantasme masculin bien précis. Mais l'inverse n'est pas aussi tendance, pas aussi vendeur dans une société faite pour "les hommes, les vrais" donc la mode invisibilise les ronds. Là encore, merci la société patriarcale pour ce joli paradoxe, qui montre toute l'hypocrisie de la représentation normée des corps, quel qu'en soit le genre.
Le très cynique directeur de casting de Cast and Erect, Simon Lewis, a déclaré au Telegraph : "Les hommes s'en fichent. On peut être gros et se faire des filles quand même. Les femmes ont une pression bien plus importante pour correspondre à une certaine norme de beauté. Les hommes n'ont pas besoin d'être rassurés quant au fait d'être gros. Tant qu'ils peuvent voir leur bite, tout va bien". À l'écran, et pour quelques exceptions souvent célèbres, oui. Mais qu'en est-il des autres, ceux de la vraie vie ?
On ne peut s'empêcher de remarquer que les troubles du comportement alimentaire sont en hausse chez les hommes. Les mannequins s'affinent, et les acteurs se musclent au fil des ans, l'objectivation du corps masculin a commencé et la pression est bien là, aussi. N'en déplaise donc à ce monsieur bien arrogant, les militants body positive comptent donc aussi des hommes dans leurs rangs, et tant mieux, car le fat shaming, le skinny shaming et le body shaming tout court les touchent aussi, comme l'illustre si bien le buzz autour de "Dancing Man".
Côté personnes inspirantes à suivre pour des conseils en matière de style, ou de self love, hors du cliché de la sculpture de dieu grec, on peut se tourner vers : Bruce Sturgell, fondateur du webzine plus size masculinChubstr, Matt Diaz, vlogueur body positive, Andrew Walen, blogueur spécialisé dans les troubles du comportement alimentaire chez les hommes ou encore William Beave Brooks, personnal shopper et blogueur plus size... Le Tumblr "Body Positivity For Guys" est aussi un coup de boost garanti pour l'estime de soi !