Trop c'est trop ? Alors que l'on décèle parmi les 44 nouvelles étoiles du Guide Michelin édition 2023 - sorti l'an dernier donc - seulement 10 % de femmes cheffes (Georgiana Viou du restaurant "Rouge" à Nîmes, Jeanne Satori du "de:ja" à Strasbourg, Camille Pailleau du "Rozo" à Marcq-en-Baroeul...), certaines personnalités du milieu ont décidé d'agir. Agir contre cette exclusion, ce sexisme, ces inégalités...
Et c'est à l'une d'entre elles que l'émission "Envoyé Spécial" a dédié son dernier reportage : "Manon Fleury, une cheffe qui fait mouche". Dans ce numéro dédié à la gastronomie française, l'on découvre cette cheffe inspirante qui a décidé, et ca n'a pas laissé indifférent... De n'engager que des femmes en cuisine. "Une discrimination positive assumée dans un univers qui reste très masculin", décrypte le site franceinfo.
Une bonne idée ? Sur les réseaux sociaux, elle a fait hurler...
Pas facile de bousculer les lignes quand même les représentations les plus populaires de votre art ne dénotent pas vraiment par leur parité. On rappelle par exemple que, même si les choses s'arrangent, l'édition 2022 de l'émission "Top Chef" ne présentait que trois femmes sur quinze candidats.
Oui, il y a du taf !
Manon Fleury, qui dirige le Datil à Paris, en est consciente justement. D'où son choix de personnel. Elle s'explique : "On a envie de mettre des femmes à des postes à responsabilités, parce que, à notre sens, c'est comme ça que notre métier va évoluer !... Moi même quand j'ai été sous-cheffe et que je donnais une consigne je devais le répéter trois fois ! Le chef avec qui je travaillais le disait une fois et ça suffisait"
"Je sentais comme un manque de légitimité. Mais vraiment violemment !", poursuit l'artiste des fourneaux, avant de sourire : "Je fais totalement de la discrimination positive. Si on laisse les femmes dans des postes inférieurs, elles ne se disent jamais que c'est possible d'atteindre des rangs différents".
On s'en doute à mille kilomètres : cette initiative pro et politique a fait hurler sur les réseaux sociaux. L'extrait vidéo de l'émission contenant ses propos de la cheffe a été visionné plus de 3,5 millions de fois sur Twitter en deux jours à peine alors vous imaginez le nombre de réactions exacerbées. Les mots de "discrimination positive" ont particulièrement fait hurler : beaucoup déjà dénoncent ce qui leur semble contre productif.
Mais des voix aussi soutiennent l'engagement totalement assumé et décomplexé de la cheffe qui, par ailleurs, a tout de même embauché un homme cuisinier parmi ses collègues de travail. Discriminer "positivement" pour lutter contre des discriminations bien plus ancestrales ? Des téléspectatrices réagissent : "Une belle ambiance pour travailler ! Bravo et pourvu que ça ce démocratise", "Une très belle personne cette cheffe étoilée", "Le monde de la cuisine et pâtisserie est encore très masculin, les nouvelles générations commence a changer les choses et c est très bien", "Allez courage les prochaines étoiles ne sont pas loin".
Une chose cependant transparaît chez Manon Fleury : son désir de lutte au sein même du milieu. Et c'est également pour cela d'ailleurs qu'elle a fondé, en compagnie de quelques consoeurs (une vingtaine), l'association Bondir.e, qui a pour but de prévenir les violences sexistes et sexuelles dans la restauration. Un combat collectif et ouvertement sororal en osmose avec les luttes #MeToo.