Parmi les 44 nouvelles étoiles du Guide Michelin édition 2023 dévoilées le 6 mars dernier, l'on ne dénombrera que 10 % de femmes. 10 % seulement de cheffes, parmi lesquelles Georgiana Viou (le restaurant "Rouge" à Nîmes), Jeanne Satori pour (le "de:ja" à Strasbourg), Camille Pailleau (le "Rozo" à Marcq-en-Baroeul), Nidta Robert (le "Arborescence" à Croix) ou encore Cybèle Idelot (le "Ruche" aux Yvelines).
Des professionnelles inspirantes, mais un pourcentage qui fait peine à voir en 2023. D'autant plus que parmi ces femmes sacrées par le très réputé guide, il faut encore préciser l'on ne compte qu'une seule cheffe en solo étoilée, Georgiana Viou. Les autres cheffes l'ont effectivement été dans le cadre d'un duo de cuisiniers - elles partageront leur étoile avec leur conjoint. Un détail qui ne fait qu'exacerber cet écart.
"Moins de 10 % de femmes étoilées, ça ne fait toujours pas la différence, malgré leur présence toujours accrue en cuisine ou la parité observée dans les prix spéciaux, notamment du côté de la sommellerie avec la présence de Gaby Benicio pour "l'Aponem" (Hérault) qui partage son prix avec Cyril Kocher de "Thierry Schwartz" à Obernai", déplorent les pages fooding de Télérama.
Ces données ont de quoi faire grincer des dents. Les disparités au sein de la restauration et de la gastronomie, et surtout de ce qui est mis en avant et valorisé, s'avèrent encore flagrantes. On se rappelle par exemple que l'édition 2022 de l'émission "Top Chef" ne présentait que trois femmes sur quinze candidats. "Il y a moins de femmes en cuisine que d'hommes, c'est un fait", assurait alors le chef et juré Glenn Viel. En ressortant victorieuse, la cheffe stylée et féministe Louise Bourrat devenait la 3e femme (seulement) à remporter "Top Chef".
Cependant, une enquête menée par la plateforme de réservations en ligne TheFork révélait en 2021 que les femmes représentent entre 31 et 50% des effectifs au sein de la majorité des brigades de cuisine. Parmi les sondées concernées par l'enquête, 51,3% de ces femmes déclaraient même avoir connu "une évolution professionnelle positive ces 5 dernières années". "Des chiffres encourageants qui laissent espérer la possibilité d'une véritable parité dans l'univers de la cuisine pour les années à venir", s'enthousiasmait dès lors TheFork.
Demeure également l'attrait inspirant des cheffes étoilées cette année. Comme Georgiana Viou, que vous connaissez certainement en tant que jurée au sein de la dernière saison de l'émission "MasterChef", où elle jugeait aux côtés des cuistots Yves Camdeborde et Thierry Marx. Passée par diverses maisons et autrices de plusieurs livres de cuisine, propriétaire du bar-restaurant Rouge, à Nîmes, depuis 2021, la cheffe met un poing d'honneur à défendre une cuisine "de l'instinct, de l'âme et du coeur", où c'est avant tout l'émotion qui l'emporte.
Dans les colonnes de Terrafemina, la cheffe étoilée, qui vante les vertus d'une cuisine "zéro gaspi", affirmait l'an dernier : "J'ai des copines qui ont vraiment souffert du fait d'être une femme noire, je ne suis pas dans le déni. Il faut donner de la place et la parole aux femmes et arrêter de les stigmatiser comme une minorité. Il faudrait arriver à un moment où l'on ne soit pas obligée de se justifier parce qu'on est une femme cheffe".