En ce mardi 31 octobre, des milliers d'enfants sont attendus dans les rues des villes britanniques pour célébrer Halloween. Habillés en petits monstres, ils respecteront la tradition en sonnant en porte et en menaçant de jeter un sort à ceux qui ne leur donneraient pas de bonbons.
Mais les enfants ne sont pas les seuls à se déguiser et à envahir les rues des grandes villes britanniques : leurs mamans aussi sont appelées à se transformer en momies à l'aide de bandages le temps d'un après-midi. Non pas pour réclamer des bonbons, évidemment, mais pour se mobiliser pour une cause autrement plus sérieuse : l'égalité au travail.
Lancée par Pregnant Then Screwed, un groupe d'entraide pour les working mums victimes de discriminations au travail, ces March of the Mummies (les marches des momies, un jeu de mot car en anglais, "maman" et "momie" sont des homonymes) sont prévues un peu partout en Grande-Bretagne et en Irlande du Nord cet après-midi. Leur objectif ? Sensibiliser les pouvoirs publics sur le quotidien des mères qui, de retour de leur congé maternité, doivent subir harcèlement, placardage et autres remarques acerbes de la part de leur direction. "Nous avons fait du lobbying mais cela n'a pas semblé faire de différence, alors nous avons pensé que nous devrions descendre dans la rue et crier aussi fort que possible, explique au Guardian. Joeli Brearley, 38 ans, fondatrice de Pregnant Then Screwed. Jusqu'à présent, le gouvernement n'a rien fait. En ce moment, jusqu'à 70 000 femmes ont perdu leur emploi. Moins de 1% des femmes qui font l'objet de discrimination font une réclamation devant le tribunal. L'accès à la justice est un énorme problème, tout comme les délais de traitement des plaintes."
Car ces cas de mères de famille discriminées sur leur lieu de travail sont en effet loin d'être isolés. Selon un rapport mené en 2016 par la Commission Égalité et Droits humains (CEDH) auprès de 54 000 mères actives britanniques et irlandaises du Nord, 77% d'entre elles ont déclaré qu'elles avaient eu une expérience négative ou éventuellement discriminatoire pendant leur grossesse, leur congé maternité et/ou à leur retour de congé maternité.
Une mère sur cinq (20%) avait déclaré avoir été victime de harcèlement ou de commentaires négatifs liés à sa grossesse ou à ses horaires de travail aménagés de la part de son employeur ou de ses collègues. Une répondante sur dix (10%) affirmait même avoir été découragée d'assister à ses rendez-vous prénatals. Pour certaines futures mères et mères de famille (11%), ce harcèlement pour maternité et pour discrimination les a même forcées à quitter leur emploi, qu'elles aient été licenciées ou poussées insidieusement vers la sortie.
C'est ce qu'a vécu Joeli Brearley. Ancienne gestionnaire de projet indépendante raconte au Guardian qu'un client a résilié son contrat lorsqu'il a appris qu'elle était enceinte. "Je suis allée voir des groupes de parents et j'ai découvert que ce genre de chose se produisait tout le temps, affirme Joeli Bearleye. C'est vraiment difficile pour les femmes de parler publiquement de cela car elles signent souvent des accords de non-divulgation. D'autres craignent de passer pour des fauteuses de troubles, ce qui pourrait affecter leurs futures carrières."
En défilant dans les rues, les mummies espèrent bien faire bouger les choses et mobiliser les pouvoir publics. Elles se retrouvent autour de cinq revendications principales : augmenter les délais de 3 à 6 mois minimum pour porter une action en justice, demander aux entreprises de déclarer combien de demandes de travail flexibles sont faites et combien sont accordées. Elles souhaitent aussi que les deux parents aient accès à 6 semaines de congé parental payé à 90% du salaire, que soit donné aux travailleurs indépendants l'accès à une rémunération parentale partagée statutaire et qu'enfin, que les gardes d'enfants soient subventionnées dès 6 mois au lieu de 3 ans.
Ce mardi 31 octobre, à midi, plusieurs rassemblements ont eu lieu : à Londres, Belfast, Cardiff, Glasgow, Newcastle et Manchester.