C'est l'histoire d'un torchon qui n'en finit plus de brûler. La famille Le Pen et le journal Minute sont engagés dans un nouveau bras de fer. Marion Maréchal-Le Pen a annoncé, lundi 28 avril dans un communiqué, avoir « chargé son avocat d'introduire une procédure en violation de l'intimité de la vie privée à l'encontre d'un hebdomadaire qui, la semaine dernière, a, de façon inacceptable, publié à son sujet des informations strictement confidentielles ». En effet, dans un article daté du 22 avril et intitulé « Jean-Marie Le Pen bientôt arrière-grand-père ! », l'hebdomadaire d'extrême-droite dévoilait la grossesse de la nièce du fondateur du FN.
Une énième brouille entre le Front national et le journal qui avait pourtant soutenu le parti, dès sa naissance, dans les années 1970. La radicalisation du titre, notamment au moment de la une raciste sur Christiane Taubira, va à rebours de la stratégie de « normalisation », affichée par le parti frontiste depuis l'élection de Marine Le Pen à la tête du FN en janvier 2011. « Les électeurs FN post-2011 veulent un parti normalisé et dédiabolisé ayant rompu avec un certain nombre d'outrances de l'ère Jean-Marie Le Pen. Ils ne veulent plus de ce genre de saillies et de discours, dont Marine Le Pen veut précisément se débarrasser, du moins c'est ce qu'elle dit », rappelait Jean-Yves Camus, chercheur à l'IRIS spécialiste de l'extrême droite, il y a quelques mois sur Terrafemina.
Or à l'époque de la succession de Jean-Marie Le Pen, le journal avait largement soutenu le rival de Marine Le Pen, Bruno Gollnisch, ancien bras droit du fondateur du parti, « bien plus en phase (pour Minute) avec la ligne nationale-radicale des origines », rappelle Le Huffington Post. Résultat, les journalistes de Minute avaient été interdits du Congrès du FN, à Tours en janvier 2011.
Depuis, la rupture semble consommée. Ainsi, en janvier 2013, le titre surfant sur l'homophobie latente à l'occasion des débats sur le mariage gay avait évoqué l'existence d'un « lobby gay », au sein de la direction du parti frontiste. Des attaques jugées « scandaleuses », par la présidente du FN lors de ses voeux à la presse l'an passé.
La fille du fondateur du FN avait qualifié le journal de « torchon ». Un « torchon » dont la présidente du parti avait tenté de se dissocier, en novembre dernier, au moment de la une raciste sur Christiane Taubira. « Je trouve ça archi nul », avait-elle lâché sur le plateau de l'émission L'invité des Indés Radios-Metronews-LCI, renvoyant dos-à-dos Minute et « les unes de Charlie Hebdo ».
Les poursuites lancées par Marion Maréchal-Le Pen sont donc à inscrire dans la lignée de quatre ans de querelles entre la direction du FN et Minute. Une grossesse qu'a d'ailleurs semblé reconnaître Jean-Marie Le Pen, dimanche 27 avril en marge d'un meeting à Saint-Etienne (Loire). Le grand-père de l'intéressée a ainsi déclaré : «Il y a 25 ans que j'aurais dû prendre ma retraite, mais je suis toujours au taf car j'ai la foi. Je le fais pour mes enfants, mes petits-enfants et peut-être bientôt mes arrière-petits-enfants ».