"Un concours inclusif dont l'ambassadrice n'est pas élue uniquement pour sa plastique mais avant tout pour son engagement en faveur de la communauté LGBTQIA+, ses valeurs, ses actions et la voix qu'elle peut porter pour les droits des personnes trans". C'est ainsi qu'est présentée Miss Trans France, dont la grande gagnante de l'édition 2021 vient d'être élue ce samedi 30 octobre. Il s'agit de Louïz, 38 ans, artiste réunionnaise originaire de Saint-Denis. Elle s'est vue remettre la couronne par Aëla Chanel, Miss Trans France 2020.
Une artiste en pleine ascension dont les morceaux - Y CROIRE, LE DARD EN MOUV - participent à mettre en avant les personnes LGBTQIA+, et qui s'est "démarquée durant cette année de par son investissement sans faille en faveur de la communauté", précise encore le comité. Le titre de Miss Trans France 2021 donnera à Louïz l'opportunité de représenter la France au concours international Miss Trans Star International en mars 2022 à Barcelone.
Louïz est aussi la deuxième représentante de l'île de l'océan Indien à devenir le visage de la France lors d'un concours national, après Valérie Bègue, élue Miss France 2008. Une nouvelle réjouissante et résolument symbolique, pour une égérie qui, sans aucun doute, oeuvrera à une cause primordiale.
On a pu lui poser quelques questions. Echange.
Louïz : C'est un honneur et une fierté en tant que Réunionnaise de décrocher ce titre. D'une part parce que c'est une manière de représenter notre belle île, et d'autre part parce qu'en plus de la visibilité que j'essaie d'apporter au travers de mon travail d'artiste, nous avons enclenché beaucoup d'actions en 2021 en faveur de la communauté LGBTQIA+ à la Réunion, notamment avec l'association Orizon, dont je suis la marraine et d'autres associations comme Requeer.
Malgré le contexte sanitaire compliqué, les actions suivantes ont pu voir le jour : clip de sensibilisation pour la journée international de lutte contre l'homophobie et la transphobie, la première marche des fiertés, le premier Festival LGBTQIA+ local Parey Pa Parey, l'ouverture prochaine du premier centre LGBTQIA+ de l'Océan Indien et la semaine Requeer, qui aura lieu du 6 au 12 décembre à la Cité des Arts.
Je suis très heureuse de pouvoir mettre en lumière le travail que l'on fait dans notre île à l'échelle nationale, et de pouvoir aujourd'hui créer des passerelles entre des associations nationales et nos associations locales, car à mon sens, il faut savoir profiter de l'expérience de tout le monde, et oeuvrer conjointement pour continuer à faire avancer les choses.
L. : Je vais devoir me déplacer régulièrement en Métropole pour mener des actions de sensibilisation, de prévention, de visibilité et de valorisation de la communauté LGBTQIA+ aux côtés d'associations nationales. Je vais également profiter de ce titre pour sensibiliser nos politiques sur la nécessité fondamentale de pouvoir mener des actions de sensibilisation tant en milieux scolaires que dans les administrations ou dans des entreprises du secteur privé.
En effet, l'accueil et la prise en charge de la population LGBTQIA+ dans ces milieux sont parfois encore très inadaptés et malaisants, notamment pour les personnes transgenres. Je suis d'ailleurs invitée la semaine prochaine à l'Assemblée Nationale par la députée réunionnaise Karine LEBON avec qui nous allons pouvoir échanger sur ces sujets.
J'ai repoussée la sortie de mon EP EVOLUTION lorsque j'ai appris ma nomination car ce titre va être un moyen pour moi de donner une visibilité plus grande à ce mini album concept que j'ai véritablement pensé comme un outil de développement personnel qui encourage à l'estime de soi. Car être capable de s'aimer, de s'accepter et de valoriser notre singularité, est essentiel pour pouvoir s'affirmer dans cette société.
L. : En effet, les droits LGBTQIA+ ont beaucoup évolué ces dernières années. Néanmoins, il reste encore un gros travail de visibilité à faire pour que ce que les gens appellent encore une "différence" puisse rentrer dans ce qu'on pourrait appeler une "norme sociétale". La tragédie de la jeune Dinah en est un exemple fort.
Notre orientation sexuelle ou notre identité de genre ne devraient pas être source de harcèlement ou de discrimination et encore moins conduire au suicide. En 2021, ce n'est pas normal ! Il y a donc encore un enjeu de "vulgarisation" du sujet notamment dans les médias.
Raison pour laquelle j'invite véritablement nos médias, nos entreprises locales et divers annonceurs à diversifier leur campagne de communication en y intégrant davantage la population LGBTQIA+ dans des scènes de vie de notre quotidien, qui n'est en rien différent de celui du du reste de la population.