C'est ainsi que 9 étudiantes lyonnaises en école de commerce expliquent leur happening percutant et culotté. Pour dénoncer la culture du viol qui minimise la responsabilité des agresseurs et discrédite la parole des femmes victimes de violences sexuelles, 9 étudiantes lyonnaises en école de commerce ont réalisé début avril un happening percutant dans une rue commerçante de Dijon.
"Selon un récent sondage, 'pour 27% des Français, l'auteur d'un viol est moins responsable si la victime portait une tenue sexy'. Au début on y croyait pas trop, et puis pourtant...", expliquent-elles sous la vidéo.
Postées dans la rue et habillées en jupe et haut court, deux jeunes femmes, bientôt rejointes par une troisième, tiennent une pancarte : "Ma façon de m'habiller mérite-t-elle de me faire agresser ?". Elles invitent ensuite les badauds à coller un post-it sur le corps de celle dont ils jugent la tenue la plus provocante.
Le résultat est désolant : les passants – en majorité des femmes dans la vidéo – se saisissent d'un post-it pour le coller sur celle qu'ils jugent la moins habillée et donc la plus provocante. Les commentaires en voix off sont eux aussi saisissants. Car si certains passants refusent de se saisir d'un post-it, beaucoup sont ceux à juger qu'une femme habillée de la sorte "cherche" à se faire agresser. Et est donc responsable des violences qu'elle subit.
"Elle provoque, si elle s'habille comme ça elle cherche", "Je n'aimerais pas que ma fille soit habillée comme ces deux jeunes filles", "C'est jouer avec le feu en connaissant les risques" : autant de réactions suscitées par le happening des étudiantes.
"Avant de se lancer dans le projet, on se disait que le sondage était truqué, 27%, c'était tellement... . On est restées une demi-heure debout dans la rue et ça nous a suffi pour nous rendre compte que c'était vrai", explique Marine Le Bars, l'une des participantes, à Rue89.
Issu d'un sondage réalisé en mars par l'Institut Ipsos pour l'association Mémoire Traumatique et Victimologie, ce chiffre de 27% n'est qu'un échantillon d'autres données tout aussi symptomatiques des stéréotypes encore fortement ancrés dans notre société, qui tendent à minimiser la responsabilité des hommes qui agressent sexuellement les femmes. 19% des Français interrogés considèrent ainsi que "lorsque l'on essaye d'avoir une relation sexuelle avec elles, beaucoup de femmes disent 'non' mais ça veut dire 'oui'". 21% des répondants estiment que "lors d'une relation sexuelle, les femmes peuvent prendre du plaisir à êtres forcées".
Se rendre seule chez un inconnu, adopter une "attitude provocante" ou séductrice, flirter ou porter une tenue très sexy : autant de circonstances qui atténuent la responsabilité du violeur et rendent leur victime coupable.
Finir par "céder" à son violeur est aussi préjudiciable et minimise l'agression subie : 16% des répondants estiment qu'avoir un rapport sexuel avec une personne qui dit clairement "non" mais qui cède quand on la force ne relève pas du viol mais de l'agression sexuelle.