Omar Sy s'engage. L'acteur a lancé un appel sur son compte Twitter pour venir en aide aux Rohingyas, cette minorité musulmane réfugiée au Bangladesh après avoir fui le conflit ethnique qui a éclaté fin août entre l'armée birmane bouddhiste et la résistance armée Rohingya. Victimes de répression militaire, ils ont marché par centaines de milliers vers le Bangladesh où les camps de réfugiés débordent. D'après les derniers chiffres de la coordination internationale sur place, ils sont environ 800 000, entassés sous des tentes de fortune dans un camp si grand, qu'il faut une heure de voiture pour aller d'un bout à l'autre. Ce morceau de terre frontalier avec la Birmanie s'appelle le Bazar Cox district. Sur place, face à la précarité des familles, Omar Sy en appelle à la solidarité avec le hashtag #LoveArmyForRohingya.
"Je suis dans le plus grand camp de réfugiés au monde où vivent les Rohingyas. Ils sont près d'un million, ça fait trois mois qu'ils arrivent en masse dans ce pays, chassés de la Birmanie. La chose la plus importante pour eux, c'est de retrouver de la dignité, la liberté et un pays, la sécurité. Ça, on ne peut pas leur apporter", regrette-t-il face caméra. Et de poursuivre : "Mais je suis venu avec la Love Army. On a discuté avec les familles. Il en y a certains qui ont besoin de lumière, certains qui ont besoin de chaussures, de médicaments. Un tas de petites choses comme ça et ça, on peut le faire".
L'idée de l'association décrit-il, consiste à tenir un live sur les réseaux sociaux pendant 48 heures pour solliciter "le monde entier" et "toutes les enseignes possibles". "J'ai pas l'habitude de vous solliciter pour ce genre de choses, mais je suis venu, j'ai vu, je vous montre, soyez avec nous, on a besoin du monde entier", conclut-il. Un message retweeté plus de 55 000 fois. Jérôme Jarre, Dj Snake, Sébastien Frit, Le Grand JD, Mister V, Jhon Rachid, tous célèbres sur les réseaux sociaux, ont également fait le voyage jusqu'au Bangladesh pour appeler à la mobilisation.
À eux tous, leurs appels ont été relayés plus de 175 000 fois sur Twitter ce mardi matin. Le #LoveArmyForRohingya compile désormais des centaines de tweets. Engagés, mobilisés, solidaires, les internautes relaient l'appel de Love Army. Certains interpellent même le président turc Recep Tayyip Erdogan, premier dirigeant mondial à avoir réagir au nettoyage ethnique des Rohingyas en Birmanie et à avoir dénoncé en septembre dernier, le "terrorisme bouddhisme". Lors de l'Aïd Al-Adha, il avait estimé que "ceux qui ferment les yeux à ce génocide qui se perpétue sous le couvert de la démocratie sont ses collaborateurs".
Le ministre turc des Affaires étrangères avait demandé au Bangladesh "d'ouvrir ses portes" aux Rohingyas, promettant que la Turquie assumerait les frais d'hébergement des réfugiés. En septembre, "1 000 tonnes" de nourriture avait été envoyées par les organisations humanitaires et de coopération turques. "Du riz, du poisson séché et des vêtements commenceront à être acheminés dès mercredi par des hélicoptères militaires dans deux districts de l'État Rakhine, en coopération avec les autorités locales", avait informé la présidence turque. D'autres internautes ont interpellé le Premier ministre canadien Justin Trudeau, le président Emmanuel Macron, ainsi que le créateur de Facebook Mark Zuckerberg, Nike, Apple et C8.
De retour d'une mission humanitaire pour Médecins du Monde, Géraldine Brun avait dénoncé en octobre dernier dans La Marseillaise, la misère dans laquelle étaient installés les Rohingyas. "Jusqu'à août, il y avait sur cette zone deux camps relativement bien structurés autour desquels les nouveaux venus se sont greffés au fur et à mesure des arrivées. Ces camps étaient espacés de quelques kilomètres. Aujourd'hui, ils ne forment plus qu'un seul camp". Une étendue de tentes s'enfonce dans la forêt, où les derniers venus sont obligés de s'installer, éloignés des services de base, parfois dormant à même le sol. Les femmes et les enfants représentent 82% de ces 800 000 réfugiés installés au Bangladesh. Six enfants sur dix sont mineurs et 30% d'entre eux ont moins de 5 ans. "Il y a le problème des enfants seuls, qu'il faut repérer, pour lesquels il faut rechercher la famille... Un dossier auquel s'attelle l'Unicef qui en a identifié 6 000", avait-elle précisé.
Une campagne de vaccination contre la rougeole, la rubéole et la polio a été mise en place en septembre dernier. Environ 150 000 enfants ont été pris en charge. L'état de ces réfugiés est sérieux, rappelle Géraldine Brun : "Ils sont arrivés dans un état de malnutrition et d'épuisement majeur, après avoir marché 10 ou 15 jours avec peu ou pas à manger et quasiment rien à boire. Sans oublier le stress, les traumatismes". Une cellule psychologique a été mise en place pour les femmes : "C'est là que nous avons eu des témoignages sur des viols". Car la situation des femmes demeurent dramatique. Comme les sanitaires sont mixtes, "elles n'osent pas y aller et s'y rendent la nuit ou vont en forêt, ce qui augmente les risques d'agression. Il y a aussi le problème lié aux menstruations. Elles n'ont pas de quoi se changer, se laver et peuvent passer le temps des règles enfermées sous la tente".
Pour faire un don et aider les Rohingyas, vous pouvez cliquez ici pour rejoindre le site de Love Army ou ici pour accéder à celui de Médecins Sans Frontières.