Le minou et le kiki, la zézette et le zizi, le sexe quoi. Plus facile d'en plaisanter entre adultes que d'en parler à un enfant ou à un adolescent qui se pose mille et une questions sur le sujet. Outre les livres et les très rares cours d'éducation sexuelle dispensés à l'école, il existe des initiatives plus originales comme l'exposition en cours à Paris, "Zizi sexuel". Une plongée ludique dans la sexualité en compagnie de Titeuf et Nadia, les deux héros créés par Zep pour les jeunes de 9 à 14 ans.
Cette exposition qui, comme "Bêtes de sexe" en 2013 entend répondre aux questions sur la puberté et la sexualité, n'est pas passée inaperçue auprès de certaines associations de parents d'élèves comme SOS Education. Jugée trop crue pour des pré-adolescents, l'exposition devrait être montrée aux seuls élèves ayant reçu l'autorisation de leurs parents en aval. Les élèves ne maîtriseraient pas les savoirs fondamentaux, "leur faire humer des effluves de pieds ou d'aisselles, leur faire appuyer sur une pédale permettant de dresser un "zizi piquet" qui éjacule, ou leur enseigner la masturbation" serait donc une perte de temps, dénonce SOS Education.
En matière d'éducation sexuelle, une seule certitude. Difficile de parler de sexe de la même façon à un enfant et à un préadolescent. Le HuffPost fait le point sur les conseils des pédopsychiatres et les ressources à disposition des parents pour éviter l'embarras.
Aux alentours de 3 ans, répondre aux questions pour rassurer
"Le nourrisson, explique le psychologue Serge Hefez, est confronté à un corps qui est un mystère." Il ressent des sensations quand les adultes le manipulent et surtout, "il comprend que certaines zones mettent les adultes mal à l'aise". Quand il découvre son corps, il constate aussi que ces mêmes parties peuvent lui apporter une sensation de plaisir. Il a donc très tôt conscience du sexe. Au moment du bain, il va comprendre aussi assez vite que les garçons ont un sexe visible et que les filles n'en ont pas. "Il faut les rassurer, explique Marcel Rufo, dire aux petits garçons que leur sexe ne va pas tomber, ni s'envoler et aux petites filles qu'elles ont elles aussi un sexe qui est à l'intérieur de leur ventre."
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Vers trois ans, les questions affluent en particulier quand l'enfant voit sa mère ou une femme dont il est proche, enceinte. Comment on fait les bébés? Comment le bébé entre dans le ventre ? Comment et par où en sort-il ? Que va-t-il arriver au ventre de maman quand le bébé sera arrivé ? La perspective de l'accouchement peut être très inquiétante pour l'enfant.
Qui dit questions, dit forcément réponses. Le mieux est encore de se mettre d'accord au sein du couple sur le degré des détails. Pour les petites filles par exemple, on peut profiter d'une question sur l'absence de verge pour préciser un peu plus les choses: "C’est l’occasion de souligner que le sexe ne sert pas seulement à faire pipi, mais qu’il abrite également un 'trou' qui permet de faire entrer la petite graine et de faire sortir le bébé. Inutile d’aller plus avant à ce stade", conseille la pédiatre Edwige Antier.
"C’est dans ses toutes premières années que l’enfant pose les bases de son avenir affectif et sexuel, explique encore Edwige Antier. Répondre sans honte ni gêne à ses questions, réagir sereinement à ses agissements ou expliquer clairement l’interdit de l’inceste par exemple, permet de lui transmettre une image saine de la sexualité et d’instaurer un climat de confiance entre parents et enfants. Ne rien dire, ne pas répondre, revient à établir un malaise, une gêne réciproque qui peuvent faire obstacle, plus tard, à une vie sexuelle épanouie".
Selon l'OMS, 12 ans serait l'âge idéal pour commencer les cours sur la sexualité. Par cette recommandation, l'Organisation Mondiale de la Santé entend renforcer la lutte contre les grossesses non désirées. En France, la sexualité est abordée à l'école dès le primaire en cycle 3 (CE2, CM1 et CM2), soit entre 9 et 11 ans. Voici par exemple, un document utilisé dans un cours de CM2 par une enseignante de la Nièvre dans le chapitre intitulé "La reproduction humaine".
Pour les filles, l'arrivée des règles va amener sur le tapis une discussion avec la mère qui pourra répondre à bon nombre de questions qu'elle se pose. Attention cependant à la façon dont on présente les choses: "L’important est de valoriser cette étape de la vie, rappelle la psychanalyste Martine Teillac, en lui expliquant qu’elle entre dans une période où elle pourra, à son tour, devenir mère et que les règles signalent simplement qu’un ovule n’a pas été fécondé. Cela permet de ne pas limiter leur arrivée à une perte de sang pleine d’inconvénients."
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Les garçons entrent eux dans une période où ils seront "les vrais oubliés du sexe" selon les termes de Marcel Rufo.
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