Elle le dit et le répète sur les tous plateaux et toutes les estrades. Marine Le Pen se plaint d’avoir du mal à obtenir les 500 signatures d’élus, sésame indispensable à l’élection présidentielle. La complainte n’est pas nouvelle puisque son prédécesseur à la tête du Front National, son père, entonnait exactement le même refrain. À croire que c’est une tradition familiale. En mars 2002, Jean-Marie Le Pen déclare au journal le Parisien : « Ce serait un scandale de dimension nationale et peut-être même internationale si je n’avais pas mes 500 signatures ! ». Un mois plus tard, le même Le Pen se félicitait d’avoir obtenu 515 parrainages, tout en rangeant au placard -momentanément- ses théories du complot visant à l’empêcher d’accéder à l’élection. En 2012, sa fille ne dit pas autre chose en affirmant que les élus sont victimes de pressions pour ne pas parrainer son parti.
Alors Marine Le Pen bluffe-t-elle ? Le Premier ministre François Fillon le pense. « Elle aura les 500 ! », a-t-il déclaré sur France 2, mettant en cause la sincérité de son « cri d’alarme ». En léger recul dans les récents sondages, la candidate du FN a probablement utilisé la même (grosse) ficelle que son père en son temps pour faire parler d’elle. Mais cette fois-ci, le Front National a réussi à placer la question de l’anonymat des parrainages au cœur du débat politique. Le Conseil constitutionnel s’est d’ailleurs saisi du problème et les responsables politiques de tous bords se divisent sur le sujet : faut-il que les noms des élus accordant leur signature aux présidentiables ne soient pas rendus publics ?
Les élus eux-mêmes n’ont pas la réponse. Certains jugent que la loi actuelle est antidémocratique et les expose à toutes sortes de chantages et de pressions s’ils n’apportent pas leur cachet à tel ou tel candidat. D’autres au contraire, défenseurs acharnés de la transparence, estiment que c’est le fondement même de notre démocratie que de rendre public son soutien aux présidentiables. La question sera finalement tranchée par les Sages. En attendant, une chose est sûre, Marine Le Pen a réussi à se placer au centre du jeu.
Crédit photo : AFP
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