Il est sans doutes le plus complexe des candidats à la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon n’est pas forcément celui que l’on croît. Bien sûr, on connaît tous son côté « grande gueule », provocateur, pourfendeur du système et de l’ordre traditionnel établi. Il aime d’ailleurs se présenter ainsi. Mais la caricature a ses limites. Lorsqu’un dessin de Plantu paru dans l’Express du 19 janvier 2011 le représente aux côtés de Marine Le Pen, le poing droit levé et scandant « Tous pourris », le candidat du Front de gauche s’indigne. Il est touché. Tout en assumant son côté « populiste », il rejette violemment cette comparaison avec la présidente du Front National. Jean-Luc Mélenchon vise certes les électeurs tentés par le FN mais il n’en prend pas la couleur. Non, sa couleur à lui, c’est le rouge vif, même si il est passé par le rose socialiste il y a quelques années.
Mélenchon trompe son monde. Ce fils d’une institutrice et d’un employé des postes, jamais passé par l’ENA, est très loin de l’image qu’on lui colle du « trublion de la gauche ». A la force du poignet, il a gagné le droit d’être là sur le podium des présidentiables. Il ne croit pas sérieusement en ses chances de devenir président, mais il compte bien troubler la partie. Grâce à son indéniable talent d’orateur, ce tribun du peuple joue désormais dans la cour des grands. Et dans cette élection, il a tout à gagner. Ministre d’un gouvernement de gauche ? Jamais, répond-il, sauf si des circonstances graves et exceptionnelles l’exigent. Car Mélenchon, le candidat antisystème n’en est pas moins un vrai républicain. Si François Hollande décide de faire appel à lui « au nom de l’intérêt général », il ne dira pas non mais à ses conditions.
Quel que soit le résultat au soir du 6 mai 2012, Jean-Luc Mélenchon est bien décidé à faire bouger les lignes. Il joue là son meilleur rôle, celui qu’il attendait depuis longtemps : le porte-parole des invisibles. Ce natif de Tanger, révélé en Mai 68 puis formé à l’école de Mitterrand, croit savoir que son heure est arrivée. Ce sera sa dernière grande bataille politique. Après, peut-être pourra-t-il enfin se consacrer à son rêve secret : « écrire un roman d’amour » comme il le confiait cette semaine au magazine Gala. Décidément cet homme-là a bien deux facettes : le dur-à-cuire cache un vrai sentimental…
Crédit photo : BFMTV
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