Le grand oral a eu lieu jeudi. Il a duré près de deux heures. Devant la presse réunie à Nanterre, au siège du Front National (FN), Marine le Pen a présenté son « plan de désendettement de la France ». Très attendue sur le volet économique de son programme, souvent jugé fumeux et irréaliste, la candidate FN à la présidentielle a mis en avant le caractère « complet, cohérent et fourni » de son projet économique, concocté entre autres par Jean-Richard Sulzer, professeur à Paris-Dauphine, et le centralien Thibault de la Tocnaye. Celui-ci repose sans surprise sur les prises de position fondamentales déjà exposées ces derniers mois : la sortie de l’euro et le protectionnisme.
L’ossature de son programme repose sur la distinction entre « la bonne dépense publique », qu’elle entend « augmenter raisonnablement » et la « mauvaise dépense publique ». Dans la colonne positive, elle place la relance du pouvoir d’achat, qui reposerait sur une taxe de 3% sur les produits importés, laquelle permettrait de revaloriser de 200 euros tous les salaires inférieurs à 1500 euros net par mois (7,6 millions de travailleurs). L’Institut de l’entreprise, un think tank proche du patronat, contacté par Le Parisien, souligne que cette contribution sociale sur l’importation est impossible car « il n’existe pas de droits de douane en Europe ». Une telle mesure suppose donc une sortie du système européen. Elle n’aurait pas, selon l’Institut, les effets escomptés, puisqu’une hausse automatique des prix consécutive à cette sortie absorberait ce gain de pouvoir d’achat. D’autres dépenses centrales concernent la famille avec l’instauration d’un revenu parental de 880 euros par mois, la justice avec la construction de 40 000 places de prison supplémentaires, la ré-industrialisation du pays avec un plan d’aide aux PME-PMI, et notamment la contribution des 50 plus grands groupes français en bourse à hauteur de 15% de leurs résultats nets afin de financer un « fonds d’investissement stratégique ».
Dans la colonne négative, et pour retrouver l’équilibre budgétaire (qu’elle fixe à 2018), Marine Le Pen envisage une lutte contre les fraudes sociales et fiscales, un contrôle strict de l’immigration avec des emplois réservés aux Français afin de délester le pays du coût de l’immigration, dont la candidate omet la part des recettes (impôts, taxes, cotisations), comme le souligne Lionel Ragot, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii). En ramenant « à zéro la contribution nette de la France au budget de l’Union européenne », Marine Le Pen affirme pouvoir dégager 11,7 milliards d’euros.
La candidate FN anticipait déjà les critiques de la « horde d’économistes et experts patentés du système qui n’a pas prévu la crise » qui jugeront son projet « impossible, absurde, isolationniste, ou encore fou », selon ses mots. Elle ne s’est pas trompée. Eric Heyer, économiste à l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), souligne que la sortie de l’euro provoquerait, par la dévaluation du franc par rapport à l’euro, une inflation qui entraînerait une hausse automatique de 200 milliards de la dette nationale (2000 milliards d’euros à ce jour). « Toute discussion sur le chiffrage des mesures est balayée par cette sortie de l'euro qui nous amènerait à changer complètement de logiciel et dont on ignore ce qu'elle coûterait, à la centaine de milliards près », conclut le même expert.
Elodie Vergelati
(Sources : Le Parisien et AFP)
Crédit photo : AFP
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