La France est l'un des pays les plus mal lotis en termes de prisons, pas assez nombreuses, trop vétustes. Le système carcéral est souvent présenté comme le foyer des récidives et l’antithèse de la réinsertion. Les députés ont voté mercredi soir un texte qui prévoit la création de 24.000 places de prison supplémentaires d’ici 2017, dont une partie sera construite dans le cadre de partenariats public-privé (PPP). Certaines seront réservées aux personnes condamnées à moins d’un an de prison. « C’est une nécessité absolue aujourd’hui », a plaidé le député UMP des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, en réponse à une opposition qui taxe ce projet de « fuite en avant ». Celui qu’on appelle le Monsieur Sécurité de l’UMP avait remis au chef de l’État l’été dernier un rapport contenant « 50 propositions pour une meilleur exécution des peines ». Parmi ces propositions phares figurait la fin des aménagements et des réductions de peine automatiques. Le texte voté hier vise à réduire le nombre de peines en attente d’exécution : l’objectif est de passer des 87.000 cas actuels à 35.000 d’ici cinq ans.
D’autres mesures réaménagent le paysage carcéral. Le classement des établissements pénitentiaires est révisé en « sécurité renforcée », « normale », « adaptée », et « à sécurité allégée ». 6000 structures à sécurité allégée, destinées aux peines inférieures ou égales à un an, seront construites. « Tout est concentré sur l’enfermement ferme », a déploré Dominique Raimbourg (PS). « Nous ne sommes pas opposés à toute construction », explique-t-il, estimant qu’il faut « 65.000 places » de prison, équivalent au nombre même de détenus dans le pays. L’ancienne ministre de la Justice socialiste, Marylise Lebranchu, s’inquiète du financement de ces mesures. « Cela veut dire 15.000 surveillants en plus, je ne suis pas sûre que vous avez les budgets », a-t-elle interrogé. Elle estime, par ailleurs, que le choix des partenariats public-privé « coûtera plus cher » et « rapportera à des grands groupes ».
Le texte prévoit aussi la création de vingt centres éducatifs fermés ainsi que la généralisation des bureaux d’exécution des peines et des bureaux d’aide aux victimes. Afin de mieux saisir le profil des personnes condamnées, trois nouveaux centres nationaux d’évaluation verront le jour. Selon cette même logique d’expertise accrue, les psychiatres judiciaires devraient voir leur nombre augmenter, via des incitations financières pour les internes en psychiatrie.
Élodie Vergelati
Avec AFP
Crédit photo : Photos.com
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