En 2012, Anaïs Bourdet a lancé le tumblr Paye ta Shnek, où elle recense toutes agressions verbales, cas de harcèlement sexiste et autres tournures de drague lourde que les femmes entendent chaque jour lorsqu'elles se promènent dans l'espace public.
Graphiste de formation, Anaïs Bourdet a depuis fait de la lutte contre le sexisme et le harcèlement de rue son combat. Prenant régulièrement la parole pour défendre les droits des femmes à disposer librement de leur corps, celui de ne pas vouloir être "importunée" dans la rue ou celui de porter librement le voile, Anaïs Bourdet est, comme de nombreuses féministes, l'objet de nombreuses insultes sur Internet. Taxée d'"hystérique radicale", d'"ultra-féministe" ou d'"islamogauchiste" par une frange réac, misogyne et raciste d'internautes, la créatrice de Paye ta Shnek a décidé de transformer ces insultes et menaces en un engagement positif.
Interrogée par Marie Kirschen de BuzzFeed News, elle explique : "En ligne, je suis confrontée en permanence à des insultes. On m'a attribué pas mal de qualificatifs mi-agressifs mi-complètement comiques. Donc ça faisait un moment que je me posais la question de comment transformer cette violence en quelque chose de positif."
"L'idée c'est de transformer la violence en quelque chose de bienveillant, de solidaire et de drôle, et de donner une utilité aux trolls", poursuit Anaïs Bourdet, qui a finalement eu une idée : faire de ces insultes des posters pop et colorés.
Mardi 23 janvier, la jeune femme a annoncé sur Twitter avoir ouvert sur Etsy Mauvaise compagnie, son e-shop où elle vend des créations résolument militantes.
"Par exemple, si 'islamogauchiste' c'est avoir une bonne connaissance de ce qu'est la laïcité et être de gauche, alors effectivement je suis islamogauchiste. 'Ultraféministe', si ça veut dire que je suis très féministe, alors oui c'est un compliment en fait !", s'amuse Anaïs Bourdet.
Ironiques et militantes, ces affiches sont aussi un moyen pour la créatrice de Paye ta Shnek d'apporter son soutien à des associations de défense des droits des femmes et des minorités. Ainsi, pour l'achat de certains posters, un euro sera reversé au Planning Familial, à Stop harcèlement de rue, à SOS méditerranée, à Lallab ou à l'asso Les Féministes contre le cyberharcèlement.
"Je travaille complètement bénévolement sur ce projet depuis six ans. Etant freelance à côté, c'est assez précaire. Mais je culpabilisais à l'idée de gagner de l'argent avec Paye ta shnek. Là, c'est un bon compromis parce que c'est vraiment en tant que graphiste que j'interviens, et ça aide aussi d'autres associations."
On salue bien fort cette belle initiative et longue vie à Mauvaise Compagnie !