Alors qu’il n’avait plus pratiqué d’exécution capitale depuis deux ans, le Japon a exécuté, ce jeudi, trois meurtriers condamnés à mort, relançant ainsi le débat sur la peine de mort dans l’un des pays les plus développés au monde. « Aujourd’hui, nous avons procédé à trois exécutions », a en effet déclaré à la presse le ministre de la Justice Toshio Ogawa, qui avait lui-même autorisé ces pendaison. Et d’ajouter : « j’ai rempli mon devoir en tant que ministre de la Justice, comme le stipule la loi ».
Les trois hommes exécutés avaient tous été reconnus coupables de plusieurs meurtres. Yasuaki Uwabe avait poignardé au hasard, en 1999, des passagers d’une gare ferroviaire, tuant cinq personnes et en blessant dix autres. Tomoyuki Furusawa avait quant à lui tué ses beaux-parents et le fils de 12 ans de sa femme qui l'avait quitté à la suite de mauvais traitements. Enfin, en 2001, Yasutoshi Matsuda, avait tué deux femmes lors de deux cambriolages.
Pourtant, sans formellement prononcer de moratoire, le gouvernement, dominé depuis fin 2009 par le Parti Démocrate du Japon (PDJ) n'avait ordonné aucune exécution depuis le 28 juillet 2010. Par ailleurs, pendant la campagne électorale précédant sa victoire, le PDJ avait promis d'ouvrir un débat sur la peine capitale. Un sujet qui n'a finalement jamais vraiment émergé sur la place publique.
86% des Japonais favorables au maintien de la peine de mort
Mais, alors qu’Amnesty International condamne ces exécutions, de même que la fédération des avocats japonais qui appelle à la suppression de la peine de mort, les autorités justifient son maintien par le soutien dont elle jouit dans la population. Pour preuve, selon une étude commandée en 2009 par le gouvernement, 86% des Japonais sont favorables au maintien de la peine de mort.
Souvent critiqué par des organisations de défense de droits de l'Homme pour la pratique de la peine de mort elle-même, l’archipel nippone l’est tout autant pour les conditions d'internement des condamnés, maintenus jusqu'au dernier moment dans l'ignorance la plus totale quant à la date de leur exécution. Toutefois, dans son rapport annuel sur la peine de mort dans le monde publié mardi, l'organisation Amnesty International se félicitait que le Japon n'ait procédé à aucune exécution en 2011, une première en dix-neuf ans.
Le Japon et les États-Unis, où 43 condamnés ont été exécutés l'an dernier, sont les deux seuls pays membres du G8 à contre-courant d’une tendance mondiale à l’abolition de la peine de mort. Et, si l’on en croit l'agence de presse Kyodo, les prisons japonaises comptent encore 132 condamnés dans leurs « couloirs de la mort », dont plusieurs membres de la secte Aoum responsable de l'attentat au gaz sarin commis en 1995 dans le métro de Tokyo.
Crédit photo : Amnesty International
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