Aux États-Unis, les parents postent en moyenne plus de 15000 photos de leurs enfants sur les réseaux sociaux, alors qu'ils n'ont pas atteint leurs 5 ans. Ce chiffre relativement élevé est communiqué par Child Rescue Coalition, une association américaine de protection à l'enfance qui lutte contre les prédateurs sexuels sur internet. Mais ne jetons pas immédiatement la pierre à ces parents. Après tout, leurs enfants sont tellement mignons et ils sont si fiers d'eux qu'ils ont envie d'en faire profiter "tout le monde". Le problème, c'est qu'un grand nombre d'entre eux n'est pas conscient que "tout ce monde" dépasse largement le cercle d'amis ou des membres de la famille, rappelle Child Rescue Coalition.
Spécialisée dans la protection des enfants sur le web, Child Rescue Coalition vient de lancer une nouvelle campagne de sensibilisation aux États-Unis afin d'alerter les parents sur les dangers d'exposer leurs enfants sur le web. Intitulée "KidsForPrivacy" ("Intimité pour les enfants"), la campagne reprend plus de 100 hashtags fréquemment utilisés sur Instagram (#Enfantsnus #Bébédanslebain, #Premièrefoissurlepot) et les remplacent par des photos d'enfants brandissant des pancartes "Privacy Please" (respectez mon intimité s'il vous plaît!).
À la lecture de ces lignes, votre première réaction sera sans doute de vous dire : "Vraiment ? Il y a des parents qui postent des photos de leur enfant alors qu'il est en train de faire pipi ?". En effet, cette allégation peut laisser perplexe. Mais il suffit de jeter un oeil aux photos Instagram estampillées du hashtag #pottytraining pour constater que oui, ils le font. L'association incite donc les parents à considérer plus attentivement ce qu'ils publient en ligne, ainsi qu'à rejoindre le mouvement "KidsForPrivacy" en utilisant le hashtag #Privacy Please dans leurs photos Instagram. La campagne sera diffusée sur la toile jusqu'au 27 avril.
Comme le précise la fondatrice de Child Rescue Coalition, Carly Yoost, l'initiative n'a pas pour intention de faire culpabiliser qui que ce soit, mais plutôt de sensibiliser le public : "Notre campagne ne vise pas à faire culpabiliser les parents ou à les dissuader de partager les moments précieux passés en famille, mais à leur faire prendre conscience qu'ils doivent se montrer vigilants vis-à-vis de ce qu'ils publient à propos de leurs enfants", explique-t-elle.
Principal danger dans le fait d'exposer des photos de ses enfants sur la toile : les clichés deviennent accessibles à tous, y compris aux prédateurs sexuels. "Malheureusement, beaucoup de gens ne savent pas à quel point les prédateurs sexuels sont répandus dans notre pays. À Child Rescue Coalition, nous avons suivi plus de 50 millions d'ordinateurs en possession de matériel illégal nuisant au bien-être des enfants", déplore Carly Yoost.
Comme le rappelle le site Sheknows, Child Rescue Coalition a mis au point un dispositif de sécurité efficace pour chasser les prédateurs sexuels d'enfants en ligne. Dans un communiqué, l'association affirme avoir permis l'arrestation de "plus de 10 000 prédateurs en ligne et sauvé plus de 2 300 enfants maltraités au cours des quatre dernières années."
Il y a quelques mois, l'Allemagne a également lancé une campagne de sensibilisation baptisée "ErstDenkenDannPosten" ("Réfléchissez avant de poster") pour rappeler aux parents que publier des photos de leurs enfants sans l'autorisation de ces derniers revient à bafouer leur droit à l'image. La campagne allemande a diffusé plusieurs images sur Twitter estampillées du hashtag #MeinBildGehörtMir (en français, "Mon image m'appartient"). L'une d'entre elles montrent des enfants qui cachent leur visage, avec comme légende : "Chère Maman, cher Papa. Vous avez bien le droit d'être fiers de moi ! [...] Il y a des photos particulièrement gênantes et mignonnes que vous aimez partager avec vos amis. Mais internet n'est pas un album privé."