
Oubliée injustement aujourd'hui, elle reste une légende.
Grande révélation de la toute fin des années 90 et des années 2000 avec les succès critiques et académiques de Boys dont cry et Million dollar baby, Hilary Swank est aussi une femme engagée qui n'hésite pas à dénoncer la misogynie d'Hollywood, en pleine ère post-#MeToo.
Cette industrie, l'usine à rêves tel qu'on l'intitule, Hilary Swank en est ressortie triomphante.

Avec deux Oscars décochés en quelques années, pour les films sus nommés, dont une statuette remportée dès son premier grand rôle à l'écran - celui d'une personne transgenre dans Boys dont cry, donc, film demeuré culte pour la communauté LGBTQ - et des tournages auprès des plus grands, de Eastwood à Christopher Nolan, Hilary Swank est ce que l'on appelle une grande comédienne.
Mais cette expérience hollywoodienne, elle en tire aussi de mauvais souvenirs.
Et le relate à Women's Health, sans détour : "Aujourd'hui Hollywood change. Mais à mes débuts, c'était plus patriarcal que jamais..."

Sur le même ton, elle poursuit avec un témoignage qui sent beaucoup trop le vécu : "Du coup, dans les années 2000, il y a 25 ans, je jouais des rôles toujours écrits par des hommes, mais pour servir des histoires racontées du point de vue d'une femme, et ce n'était pas forcément réaliste, authentique !"
Ce que l'actrice doublement Oscarisée dénonce, c'est le male gaze, ce regard masculin qui plaque ses désirs sur le corps des actrices, dès l'écriture du scénario, jusqu'à la mise en scène et le point de vue volontiers libidineux du réalisateur. Aux antipodes d'une expérience féminine correctement retranscrite, comme l'analyse Iris Brey dans son ouvrage de référence sur le sujet : Le regard féminin.
"Female gaze" que Swank aurait aimé davantage connaître.

Mais elle pointe aussi du doigt dans cet échange sans chichis ce qui l'a beaucoup heurtée, à savoir, une volonté de glamourisation persistante de sa personne, indissociable de l'industrie encore une fois. Volonté à laquelle elle a pu échapper.
Elle raconte : "Ce n'est pas que je n'aime pas être féminine... Non je n'aime juste pas qu'on me dise comment être féminine !"
On s'imagine que bien des magazines, producteurs et photographes ont souhaité bousculer une image, la sienne, émancipée des injonctions à l'hyper sexualisation, des diktats de beauté traditionnels... Et pas forcément conformes aux désirs des messieurs, une nouvelle fois.
Swank cependant nuance : "désormais, Hollywood est plus inclusif. Ce n'était pas le cas à l'époque. En remportant deux Oscars, dès 1999, c'est comme si j'avais été propulsée par un canon. A toutes les jeunes actrices, je conseillerais de vraiment réfléchir aux choix que tu fais chaque jour. S'assurer que ce qui se passe correspond à ce que tu veux. C'est le seul contrôle que nous avons !"