La pilosité féminine (pubienne, surtout) est au coeur des discussions. On se questionne, on s'informe, on s'insurge. A quoi servent les poils ? Est-ce vraiment plus hygiénique de s'épiler que de cultiver le buisson de son jardin secret ? Pourquoi les femmes sont-elles soumises à cette contrainte quand les hommes peuvent tout simplement l'ignorer ?
Tout ça, pour s'affranchir des normes sociétales qui dictent nos choix. Il faut dire que les injonctions ont la dent dure, et qu'une décision qui nous semble personnelle peut parfois s'avérer biaisée par la société qui nous entoure, - aussi inconscient soit ledit biais.
Pour approfondir la conversation, des chercheur·ses de l'université de la Katholieke Universiteit Leuven, en Flandre, se sont penché·es sur la raison derrière l'épilation. Les scientifiques ont demandé à 4222 Belges âgé·es de plus de 15 ans de leur parler de la relation qu'ils ou elles entretiennent avec leurs poils (guerre ou paix ?), et surtout de leur avouer ce qui les poussent à s'en débarrasser plus ou moins fréquemment.
Déjà, et ça ne surprendra sûrement personne, 80 % des femmes interrogées affirment s'être épilées récemment, contre 39 % des hommes. De plus, lorsque la question du tout-naturel a été abordée, seulement 3 % des sujettes ont confié n'avoir jamais touché à un de leurs poils, contre 21 % des sujets. Une différence frappante.
Côté pourquoi du comment, le confort pendant le cunnilingus ou la fellation se hisse en en tête de liste, avec 75 % des femmes et 39 % des hommes ayant donné cette explication. Environ 67 % des femmes avouent aussi le faire parce qu'elles se sentent plus "féminines", 63 % parce qu'elles aiment se sentir douces et 62 % car leur partenaire a un faible pour le rendu.
Les femmes qui ne se rasent pas ont quant a elle indiqué qu'elles détestent les effets secondaires, à l'instar des démangeaisons et de la sensation rugueuse que l'on subit quelques jours après la "coupe", si l'on peut dire, ou parce que leur partenaire n'aime pas vraiment ça.
Ce qu'on remarque, c'est que beaucoup d'entre elles justifient cette habitude par une préférence de leur moitié, ou par la connotation non-féminine que les poils renvoient. Et si toutes les raisons sont bonnes tant qu'elles nous appartiennent, celles-ci donnent toutefois à réfléchir : pourquoi les femmes seraient-elles nées avec des poils si ceux-ci n'étaient pas "féminins", et leur partenaire devrait-il ou elle avoir son mot à dire ?
Hygiéniquement parlant, les expert·es mettent en garde contre l'épilation intégrale. Les auteurs et autrices de l'étude affirment ainsi que "Les complications liées à l'épilation des poils pubiens sont fréquentes et cette pratique peut même être un facteur de risque de transmission d'IST mineures". Ils et elles appellent également à une meilleure éducation quant à l'utilité essentielle de la pilosité : la protection des organes génitaux.