Qu'ont en commun Oprah Winfrey, Mark Zuckerberg, Barack Obama, Bill Gates ou Sheryl Sandberg ? En plus d'être des leaders dans leur domaine (l'informatique, la politique, les médias...), ils sont de grands lecteurs. Et pas seulement d'ouvrages sur le business ou de développement personnel. Comme Oprah Winfrey, dont le roman préféré est Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee, toutes et tous lisent aussi des ouvrages de fiction.
C'est d'ailleurs peut-être dans ces romans ou nouvelles que les grands de ce monde tirent leurs plus grandes qualités dans le monde du travail. Lire, ce n'est pas seulement s'informer en parcourant les journaux ou piocher des conseils dans des manuels pour donner un nouveau souffle à sa carrière. C'est aussi d'accepter de lâcher prise sur sa propre vie pour se plonger dans celles de personnages, c'est laisser ses émotions et sa créativité prendre le dessus sur la raison et le bon sens.
Ce pur divertissement qu'offrent les livres de fiction est évidemment bénéfique pour qui veut se distraire un temps de ses préoccupations professionnelles. Qui n'a jamais eu envie après une journée de boulot un peu trop longue, de se glisser sous la couette avec un le dernier Guillaume Musso ou le tome 3 de L'Amie prodigieuse d'Elena Ferrante ? Mais ce n'est pas tout. Se plonger avec délice dans un livre de fiction aurait aussi une influence positive sur notre carrière et notre vie au boulot. La preuve en 5 points repérés par le site Fastcompany.com.
Selon Michael Benveniste, professeur d'anglais à l'Université de Puget Sound aux États-Unis, lire des livres de fictions améliore nos capacités de raisonnement et de logique. C'est notamment le cas lorsque l'on est face à des situations où il est facile de se laisser dominer par ses émotions ou de se référer à ses expériences passées. Lire des romans ou des nouvelles où les descriptions narratives sont très présentes nous aide à cultiver notre raisonnement qualitatif. "La fiction offre un espace pour spéculer sur le rôle constitutif que les valeurs 'floues' - comme les croyances, les normes et les expériences – jouent dans des contextes sociaux", explique-t-il.
Selon une étude menée par l'Université de Toronto, les gens qui lisent des livres de fiction ont des capacités de compréhension plus larges que les autres. "Ces effets s'expliquent en partie par le processus d'engagement dans les histoires, qui consiste à faire des inférences et à s'impliquer émotionnellement. Ils s'expliquent aussi aux contenus de la fiction, qui comprend des personnages complexes et des circonstances que nous ne rencontrons pas dans notre vie quotidienne", affirme Keith Oatley, professeur émérite de psychologie cognitive à l'Université de Toronto.
Pour le spécialiste, la fiction agit sur notre cerveau comme un simulateur d'ordinateur. "Tout comme les simulations informatiques peuvent nous aider à faire face à des problèmes complexes tels que faire voler un avion ou prévoir le temps, les romans, les histoires et les drames nous aident à comprendre les complexités de la vie sociale", déclare-t-il dans un entretien accordé au New York Times.
Lire l'histoire d'un personnage et s'identifier à lui nous aide à faire preuve de plus d'empathie dans la vie réelle, affirme une étude menée par Raymond Mar, psychologue à l'Université de York au Canada. Selon lui, lorsque nous lisons une histoire, nous la connectons à des expériences personnelles. Dans un discours prononcé lors de la convention annuelle de l'American Psychological Association, le psychologue a déclaré que lorsque nous lisons une histoire, nous rendons compatibles avec celle-ci nos pensées et nos émotions. "Les expériences que nous avons dans notre vie façonnent notre compréhension du monde ... et les expériences imaginées à travers des histoires de fiction narratives sont également susceptibles de nous façonner ou de nous changer. Mais avec une mise en garde - ce n'est pas une quelque chose de magique - c'est une opportunité de changement et de croissance", a déclaré Raymond Mar. "Même si la fiction est fabriquée, elle peut communiquer des vérités sur la psychologie et les relations humaines."
D'après une étude réalisée par l'Université du Sussex, en Angleterre, lire un roman soulage davantage du stress que d'écouter de la musique, se promener ou boire une tasse de thé. Il suffirait de 6 minutes de lecture pour diminuer de 68% notre taux de stress, abaisser notre fréquence cardiaque et atténuer la tension des muscles.
"Se perdre dans un livre est la relaxation ultime", a déclaré Lewis dans une interview accordée au Telegraph. "Le livre que vous lisez n'a pas vraiment d'importance. En vous perdant dans un livre complètement absorbant, vous pouvez échapper aux soucis et aux tensions du monde quotidien et passer un moment à explorer le domaine de l'imagination de l'auteur. Ce n'est que simplement une distraction, mais un engagement actif de l'imagination, car les mots sur la page imprimée stimulent votre créativité et vous font entrer dans ce qui est essentiellement un état de conscience altéré".
Les descriptions détaillées des personnages dans les romans, les bonnes décisions qu'ils prennent et leurs coups d'éclat influencent fortement notre personnalité et notre comportement. Qui n'a jamais rêvé d'être aussi forte et téméraire qu'un personnage de roman que l'on chérit ? "Je me suis souvent retrouvée silencieusement dans le personnage d'Elizabeth Bennet dans Orgueil et Préjugés, qui déclare : 'Mon courage grandit un peu plus à chaque tentative d'intimidation'", explique par exemple à FastCompany Juliette Wells, professeure agrégée d'anglais au Collège Goucher à Baltimore, dans le Maryland.