17h30
Une centaine de militants font la queue devant la Maison de la Mutualité à Paris (5e arrondissement). C’est ici que Nicolas Sarkozy doit s’exprimer après la publication officielle des résultats du premier tour. Dans la salle qui se remplit petit à petit, une scène majestueuse, tapissée de bleu nuit immaculé a été dressée. Dehors, les premiers de la file sortent leur carte d’adhérent de l’UMP, on décèle dans leurs sourires l’envie de faire mentir les sondages et la presse, un peu d’appréhension aussi, et l’inconfort de ne pas partir favoris. Patricia, 55 ans ans, est venue avec son mari et ses deux filles, pas question de donner du crédit aux sondages, elle « le sent très bien », même si elle admet avoir vécu cette campagne « avec beaucoup d’angoisse », « car ce serait un grand drame si M. Sarkozy ne gagnait pas ». Son engagement date de la crise et de la nomination de François Hollande en tant que candidat du PS : « J’ai assisté à plusieurs meetings dans cette campagne, mais je n’étais pas aussi militante avant que la situation économique n’exige de se mobiliser pour Nicolas Sarkozy ». Elle espère un score entre 28 et 30% pour le président sortant, qui lui donnerait toutes ses chances de faire une campagne du niveau de 2007 dans l’entre-deux tours, lors du sacro-saint « duel ». Là-dessus, aucun doute, le champion ne décevra pas : « Il va être brillant face à quelqu’un qui l’est beaucoup moins », dit-elle avant de s’engouffrer dans la salle de meeting.
Voter Sarkozy dans le 19e
Devant la Maison de la Mutualité, les non encartés espèrent pouvoir entrer, Sarah, 20 ans, est venue avec sa bande, « on est du 19ème arrondissement mais on vote pour Nicolas Sarkozy, eh oui, c’est possible !», lance-t-elle en ouvrant fièrement sa veste en cuir pour dévoiler un tee-shirt moulant floqué « les jeunes avec Sarkozy ». « C’était la première fois que je votais ; ça va être serré mais on y croit. » Elle regrette que N. Sarkozy ait déçu, mais il a « supporté la crise, il faut qu’il passe une deuxième fois ». Sarah veut montrer que les moins de 25 ans aussi s’engagent aux côtés de l’UMP. Elle confirme que pour cette tranche d’âge, le match a eu lieu sur Facebook, « ça a permis aux jeunes de vraiment s’impliquer et de parler de la campagne ». Mais dans la cour du lycée, lors des séances de tractage ou sur les réseaux sociaux, elle a pris sur elle, « quand on dit qu’on vote pour l’UMP on se fait traiter de facho ».
« Même plus une claque, un tsunami »
Les journalistes se passent les premières estimations vers 18 heures. Faible abstention (20%) mais on pressent un raz-de-marée pour François Hollande. Sur Twitter, le hashtag #RadioLondres diffuse des messages mal codés « le Nain serait dans les choux », une photo de course de tortue met la tortue rose devant la bleue, une tortue verte semble avoir manqué le départ… Le téléphone arabe s’intensifie en salle de presse, on entend « 26 ou 27 pour Hollande », et « Sarkozy à 24 ou 25 ». Désolation, l’entre-deux tours risque d’être bien morne, comment va-t-on entretenir le suspense ? Un sondage donne même François Hollande à 30%, Nicolas Sarkozy à 23%, juste devant Marine Le Pen, à 20%. « C’est même plus une claque à ce niveau », plaisante un journaliste. Mais d’autres chiffres viennent nuancer les premiers, même si la plupart des estimations donnent un écart de trois points entre le président sortant et le candidat socialiste.
20h00, l’espoir renaît
Dans la salle de la Maison de la Mutualité, des centaines de drapeaux bleu blanc rouge flottent, la Marseillaise est entonnée avec ferveur, mais le calme revient très vite, un calme chargé de stress ; on préfère pronostiquer, « il vaudrait mieux que Marine Le Pen soit en troisième place », commente une jeune femme. Michelle Alliot-Marie tente de se frayer un chemin pour rejoindre le coin des proches du candidat. Elle s’excuse. Les « VIP » arrivent un à un, Jean-François Copé, Alain Juppé, Valérie Pécresse. A quelques minutes du résultat, les militants tentent de remuer le public, anxieux et visiblement crispé. Si bien que lorsque l’écran annonce 29,5% pour François Hollande et 27, 5% pour Nicolas Sarkozy, la liesse est générale.
Marine Le Pen, réserve de voix
Après une semaine de pronostics catastrophiques, une pointe de soulagement se fait sentir, même si au gré des estimations l’écart va se creuser entre les deux qualifiés pour le second tour. « C’est mieux que ce qu’on pensait », confie Mathilde, 18 ans, « et puis il y a Marine Le Pen en troisième position, c’est un gros réservoir de voix pour le second tour. » Le score historique de la candidate du Front National n’inquiète pas non plus Arthur, 22 ans : « Marine Le Pen fait mieux que son père, sa stratégie de dédiabolisation a marché. C’est bien qu’elle soit autour de 20%, cela montre qu’il y a une vraie force à l’extrême droite. » Un vote sanction ? « Oui, un vote sanction pour la droite et pour la gauche », répond Mathilde. Pierre, lui, est rassuré, il craignait une percée de Jean-Luc Mélenchon, « les Français ont montré que les sondages avaient tout faux, c’est vrai que la campagne de l’UMP a mis du temps à démarrer, mais je suis confiant pour le second tour. » Et ce jeune militant de 24 ans de rappeler que l’anti-sarkozysme était déjà très fort en 2007.
« Tout commence »
Entre espoir et déception, les militants espèrent beaucoup de l’entre-deux tours, « il y aura des surprises », promet Grégory, 28 ans, qui se tait pour écouter Jean-François Copé. Le chef du parti de la majorité prend le micro sur le ton de la victoire, pour se réjouir du changement de configuration, « on était à neuf contre un, cette fois on est à un contre un », appelant les troupes à « ne pas perdre une minute » pendant les quinze jours d’entre-deux tours. Un appel à la mobilisation repris par le candidat, ovationné par la salle lors de son arrivée vers 21h45.
« Dès demain, on reprend la route », tel est en substance le message lancé par Nicolas Sarkozy aux sympathisants réunis dans le 5e. Après avoir rappelé le chiffre d’une participation record (80%), il salue les Français qui ont « fait acte de civisme », et ont « démenti les prédictions ». « Je comprends les angoisses des Français face à ce nouveau monde », a-t-il déclaré, promettant d’agir pour « le respect des frontières, la lutte contre la délocalisation, et la valorisation du travail ». Mais c’est lorsque leur champion propose la tenue de « trois débats » dans la période d’entre-deux tours, que les sympathisants explosent. On compte en effet beaucoup sur les talents d’orateur du président sortant, et « si les électeurs du FN nous rejoignent au second tour, il ne devrait plus y avoir d’ombre au tableau », se réjouit Arthur. Pour conclure son intervention, le président sortant appelle au rassemblement, se disant prêt à accueillir « tous ceux qui soutiendront mon projet », et « tous ceux qui placent l’amour de la patrie au dessus de tout », avant d’asséner ce qui sonne comme le slogan d’une deuxième campagne : « Tout commence ! »
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