Il est forcément attendu. Le débat d’entre deux-tours sera très suivi. A chaque présidentielle, ce sont des millions de Français qui se pressent devant la petite lucarne et aujourd’hui sur Internet et les réseaux sociaux, pour scruter les moindres faits et gestes des duellistes vainqueurs du premier tour. Rituel immuable, ce duel est d’abord né aux Etats-Unis avec l’affrontement célèbre entre John F. Kennedy et Richard Nixon. Pour beaucoup de commentateurs de l’époque, le débat avait été décisif. Moins bon dans l’exercice, Nixon a été battu dans les urnes par un Kennedy convaincant et charmeur. Mais cet affrontement permet-il vraiment de faire la différence ?
Au studio 101 de la Maison de la Radio, l’ambiance est électrique en ce jour de mai 1974. Pas seulement entre Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, mais aussi entre leurs équipes. L’entourage du candidat socialiste comprend assez vite que le duel a peut-être terrassé leur champion. La fameuse phrase « Vous n’avez pas le monopole du cœur » s’apparente à une banderille plantée profondément dans le cuir de Mitterrand. Lui-même avait jugé sa prestation catastrophique. La sanction tombe d’abord dans les sondages avec 1,5 point de moins, avant de se traduire dans les urnes. Sept ans plus tard, le socialiste prendra sa revanche au cours d’un duel qu’il maîtrisera du début à la fin.
Que se passera-t-il le 2 mai prochain, probable date de l’affrontement d’entre deux-tours ? Le favori des sondages le répète inlassablement, rien n’est joué. François Hollande sait bien que les dernières marches sont les plus hautes à gravir. En campagne depuis plus d’un an, le socialiste maîtrise tous les sujets de fonds. Reste donc la forme. Nicolas Sarkozy espère offrir un match de personnalités. En proposant deux débats, le président-candidat souhaite comme il le dit, « révéler la vérité des caractères ». Une idée qu’avait lancée en vain Valéry Giscard d’Estaing face à Mitterrand en 1981. Interrogés récemment sur l’idée de deux face-à-face, deux tiers des Français y sont favorables. Pas François Hollande. Il y aura donc probablement un seul débat d’entre deux-tours mais avec une certitude : le match sera sans concessions. Tandis que Jacques Chirac et Lionel Jospin s’étaient épargnés en 1995, le duel de mai 2012 s’annonce acharné.
Crédit photo : AFP
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