Toulouse : électrochoc dans la campagne
Publié le 23 mars 2012 à 18:11
Par Sonia Mabrouk
La tuerie de Toulouse a changé le visage de la campagne présidentielle. Soucieux de s'abstenir et de ne pas récupérer l'événement, les politiques sont finalement tombés dans le piège des petites phrases. L'analyse de notre éditorialiste, Sonia Mabrouk.
Toulouse : électrochoc dans la campagne Toulouse : électrochoc dans la campagne© AFP
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La DCRI aurait-elle dû être plus vigilante ? La stratégie du Raid était-elle la bonne ? La prison est-elle devenue un lieu de recrutement privilégié pour les islamistes radicaux ? Peut-on lutter efficacement contre l’apologie du terrorisme sur le Net ? Beaucoup de questions et autant de polémiques après l’épilogue des événements dramatiques de Toulouse.
La suspension annoncée de la campagne présidentielle n’aura donc pas duré 24 heures. Chaque camp accusant l’autre d’avoir brisé la trêve en période de deuil national. Difficile de fait de savoir qui a ouvert les hostilités. Du côté de la majorité, le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé s’indigne des propos de François Hollande et lui reproche d’avoir fait un lien entre le climat violent de la société et le comportement au plus haut sommet de l’État. Le candidat socialiste avait ainsi estimé mardi sur BFM TV que face à une « société où la violence est présente », il doit y avoir « exemplarité au sommet de l'État ». M. Hollande a peut-être parlé trop vite avant d’en savoir plus sur les motivations du tueur. Quoiqu’il en soit, la riposte de la droite apparaît disproportionnée et décalée.

On attendait un tournant, un électrochoc dans cette campagne. Comment pouvait-on continuer comme avant ? La société, la Nation toute entière a été secouée par l’horreur des actes commis par un individu qu’elle a enfanté. Mais force est de constater que l’émotion réelle a peu à peu laissé place au débat sur l’opération des forces spéciales ou encore à la polémique autour des renseignements accusés de laxisme. Chaque événement chasse l’autre. Mais les vrais problèmes sont balayés sous le tapis électoral. Les candidats appellent de manière incantatoire à une République solidaire, consensuelle mais ne veulent surtout pas ouvrir la boîte de Pandore des maux de la société française. Il y a bien sûr la folie meurtrière d’un homme, Mohamed Merah. Mais ne vouloir voir que cet aspect dans ce drame en vient à classer l’affaire dans une longue liste d’atrocités humaines sans vraiment tenter de comprendre les racines du mal. À un mois du premier tour de la présidentielle, les candidats ne comptent pas s’aventurer sur ce terrain glissant. Dommage pour notre société qui en a pourtant besoin pour aller de l’avant.

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