Sa campagne avait pourtant bien démarré. Au plus fort de la crise économique et financière, Marine Le Pen avait réussi il y a quelques semaines à cristalliser le débat sur le thème de la sortie de la zone euro. Tandis que les Européens assistaient impuissants à la chute de l’Espagne, de l’Italie et surtout de la Grèce, la candidate du FN surfait tranquillement sur le dos de la crise. L’occasion de marquer des points très tôt dans la campagne. Tout souriait alors à la « vague bleue marine ». Elle se voyait déjà en haut de l’affiche du second tour de la présidentielle. Et puis, patatras ! L’élan a été stoppé. Bien sûr, Marine Le Pen reste à des scores élevés dans les sondages, mais l’ouragan annoncé s’est transformé en petite tempête.
A cela, trois principales raisons :
D’abord, le disque sur la mort annoncée de l’euro a fini par se rayer. Et la candidate ne s’en est aperçue que dernièrement. Entre temps, elle aura délaissé tous ses thèmes fondateurs comme l’immigration et l’insécurité, laissant ainsi le champ libre à une droite partie à la reconquête de l’électorat frontiste. La droite populaire au sein de l’UMP a accompagné ce braconnage sur les terres de Le Pen.
Ensuite, sa quête des 500 parrainages a parasité son discours. Toutes les interventions médiatiques de la candidate tournent désormais autour de ce sujet, certes essentiel, mais rapidement devenu obsessionnel.
Enfin, le seul point fort de Marine Le Pen, c’est elle-même. Peu de personnes dans son staff sont aussi emblématiques et « fréquentables » aux yeux des médias. Mais si la représentante frontiste est seule aux commandes, c’est parce qu’elle l’a voulu ainsi. Elue il y a un peu plus d’un an à la tête du FN, elle s’est chargée de couper les têtes qui rappellent trop l’ancien visage du Front. Toutes les têtes, sauf une. Celle de Jean-Marie Le Pen. La fille n’a pas réussi à tuer le père. Conséquence : ce dernier, pour se faire remarquer, cumule volontairement bourde sur bourde. En citant l’écrivain collaborationniste Robert Brasillach à la fin d’un meeting à Lille ou en faisant sienne une maxime de Benito Mussolini, le patriarche a plombé la campagne de sa fille. Et si le principal défaut de Marine Le Pen était son père ?
Crédit photo : AFP
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