De nombreuses femmes doivent faire face à des violences sexistes, au sein de leur couple, dans la rue, sur leur lieu de travail. Il est urgent de mettre un terme à ces comportements. La situation est effarante : viols, mariages forcés, excision, harcèlement, violences psychologiques, sexuelles, physiques. Les violences sexistes sont répandues dans notre société, pourtant aucune politique publique ambitieuse n’est venue lutter contre ces agissements insupportables. Les violences sexistes sont insuffisamment prises en compte dans les politiques de sécurité.
Cela doit changer et de toute urgence. La sécurité doit être un droit pour tous et toutes. Je refuserai la conception de ceux qui pensent encore que ces violences appartiennent à la sphère privée et qui ignorent ces souffrances. Les violences sexistes sont un phénomène de société qui appellent à une forte mobilisation des pouvoirs publics.
Pour garantir une prise en charge des victimes de violences, bien souvent en situation d’urgence, je veillerai à garantir un financement stable et à développer le nombre de centres d’hébergement d’urgence sur l’ensemble du territoire, pour les femmes victimes de violences et si nécessaire leurs enfants. Au delà de ces situations d’urgence, et pour ne pas rajouter une injustice supplémentaire à la situation de violence, il faudra aussi faire en sorte que la personne victime puisse garder son domicile, et qu’il revienne au conjoint violent de trouver un nouveau logement.
Il faudra aussi mieux former les professionnels concernés (personnels de police, de justice, etc.), pour repérer les violences, agir de façon préventive, et prendre en charge les victimes de façon adéquate. Cette formation sera transversale pour permettre une mutualisation des expériences et une appréhension du rôle de chacun dans la chaîne que parcourt une victime. Plus largement, des campagnes d’information seront menées pour sensibiliser l’ensemble de la population.
L’autonomie financière est un aspect central du combat féministe permettant de concrétiser l’indépendance et l’émancipation des femmes. Si on a progressivement reconnu aux femmes le droit de travailler, d’obtenir un salaire égal pour un travail égal, en réalité, de nombreuses inégalités demeurent : inégalités salariales, plus lente évolution professionnelle, plafond de verre, métiers moins valorisés et donc moins rémunérés, etc. Les inégalités que vous évoquez s’expliquent aussi largement par le fait que les femmes sont davantage concernées par les emplois précaires et représentent plus de 80% des travailleurs à temps partiel. Or un temps partiel implique un salaire partiel, puis, une retraite partielle.
Je souhaite donc augmenter les cotisations chômage sur les entreprises qui abusent des emplois précaires (contrats à durée déterminée, temps partiel, intérim).
Je défendrai l’égalité des carrières professionnelles et l’égalité des rémunérations entre les femmes et les hommes. Une loi sanctionnera les entreprises qui ne respectent pas cette règle, notamment par la suppression des exonérations de cotisations sociales. Il faudra qu'un accord négocié avec les syndicats soit adossé au diagnostic de situation comparée présenté chaque année par les entreprises. Une campagne nationale de contrôles de l’inspection du travail sera lancée en 2013 au sein des entreprises pour contrôler l’existence effective d’accords sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans les entreprises.
L’égalité professionnelle sera l’un des sujets traités lors de la grande conférence économique et sociale que nous organiserons avec les interlocuteurs sociaux.
Longtemps mises à l’écart de la vie publique, les femmes doivent avoir le droit d’accomplir tout leur devoir de citoyenne. La responsabilité du destin collectif leur appartient aussi. Cela exige un vrai partage du pouvoir de décision dans toute la sphère publique, et notamment dans la vie politique.
C'est la gauche, camp du progrès, qui a ouvert la voie en matière de parité. Dans un contexte où l'exclusion des femmes est vue à juste titre comme le symptôme d’une démocratie « malade », je considère qu’il est de ma responsabilité de continuer ce combat. Je placerai le partage du pouvoir à égalité entre les sexes au coeur de la modernisation de la République.
Pour franchir une nouvelle étape dans le partage du pouvoir, pour garantir l’accès de tous et toutes à une citoyenneté active, la parité doit être rendue plus contraignante et étendue à toute la sphère publique.
Si les Français et les Françaises me choisissent, le gouvernement qui sera formé au lendemain de mon élection sera composé d’autant de femmes que d’hommes. Les nominations dans les instances de la République se feront à parité.
Les dotations de l’Etat aux partis politiques qui ne présentent pas autant de femmes que d’hommes aux élections législatives doivent purement et simplement être supprimées. Je ferai voter une loi sur le non-cumul des mandats. J’introduirai une part de proportionnelle à l’Assemblée nationale. La réforme des collectivités territoriales imposée par la droite constitue une régression sans précédent de la parité, je supprimerai donc le conseiller territorial.
La précarité touche davantage les femmes. Et les difficultés qu'elles rencontrent sont encore renforcées lorsqu’elles doivent prendre seules en charge l’éducation de leurs enfants. Il est urgent de répondre à ces situations, pour le bien-être des parents et des enfants. Pour cela, il faudra permettre une meilleure intégration des femmes dans le marché du travail.
Pour toutes les femmes, qui assument davantage les charges liées à l’éducation des enfants, mais surtout pour celles qui doivent les assumer seules, il est essentiel de mettre en place un service public de la petite enfance, en lien avec les collectivités territoriales et de proposer de nouvelles places d’accueil dans les différents modes de garde adaptés aux différents besoins des familles : crèches collectives, crèches familiales, mais aussi assistantes maternelles.
De plus, des actions doivent êtres menées pour transformer le partage différencié et inégal des rôles au sein des familles, dès la naissance de l’enfant. Je souhaite donc mener une réforme des congés parentaux. Le congé paternité évoluera vers un congé d’accueil de l’enfant, mieux rémunéré et plus long, en fonction des discussions avec les partenaires sociaux. Et le congé parental sera réaménagé et partagé de manière plus équitable par chacun des deux parents.
Les droits à l’information, à la contraception et à l’IVG, s’ils sont reconnus dans notre société, sont inégalement appliqués sur l’ensemble du territoire. Devenue une obligation légale depuis 2001, l’éducation à la sexualité à l'école est peu appliquée ou de façon inégale. Pourtant l’information, l’accompagnement sont essentiels pour que nos enfants grandissent dans le respect mutuel, pratiquent une sexualité respectueuse de l'autre et prennent conscience des risques de certaines pratiques. Enfin, l’accès à une contraception gratuite et anonyme n’est pas toujours garanti pour les mineures sur l’ensemble du territoire.
Afin de rendre effectifs ces droits, je mettrai en place un « forfait mineur contraception ». Et pour accompagner ce droit, je crois au rôle de la prévention pour mieux informer les jeunes filles mais aussi les jeunes hommes. Je veillerai par conséquent à ce que des postes d’infirmières scolaires soient créés parmi les postes que je me suis engagé à recréer au sein de l’Éducation nationale. Les actions de prévention, tout au long de la scolarité, seront encouragées et soutenues dès le début de la mandature, en lien avec les associations d’éducation populaire. De plus, je souhaite que l’ensemble des acteurs éducatifs soient formés à la question de l’éducation aux rapports entre les sexes, à partir d’un travail sur les stéréotypes et les assignations de genre. Par ces mesures, je souhaite faire en sorte que les établissements scolaires puissent aussi être des lieux où la parole des jeunes se libère et où les élèves puissent être écoutés et accompagnés. Nous mettrons ainsi en œuvre les moyens nécessaires pour permettre aux jeunes d'avoir la sexualité qu'ils désirent sans les conséquences qu'ils ne désirent pas.
Enfin, si nous devons mobiliser nos efforts pour garantir l’information et l’accès à la contraception, certaines situations nécessiteront toujours de garantir l’accès à l’IVG, y compris pour les mineures. Je récuse fortement les attaques contre ce droit qu’est l’IVG. Ce droit doit être garanti : pour cela, je ferai respecter la loi qui oblige chaque structure hospitalière à disposer d’un centre IVG et l’IVG sera remboursée à 100%. La formation des médecins comprendra au moins un module sur l’IVG, la contraception et le genre.
Les inégalités auxquelles les femmes doivent faire face se retrouvent dans tous les domaines, et notamment dans les médias comme le prouvent ces chiffres de manière flagrante.
Pourtant, les médias, tout comme l’éducation, ont une importance cruciale car ils font partie des vecteurs qui construisent notre vision de la société, forgent nos points de vue.
Afin de promouvoir l’égalité, par les médias et dans les médias, je souhaite lutter contre la diffusion de stéréotypes sexistes et d’images dégradantes des femmes dans les médias. Il faudra aussi renforcer l’information sur les possibilités de saisine du CSA par les associations. De plus, je souhaite que l’Etat soit exemplaire dans ce domaine aussi, en matière d’égalité : les nominations au Conseil supérieur de l’audiovisuel se feront donc à parité.
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