Médiateur de la République de 2004 à 2011, Jean-Paul Delevoye s’est habitué à ne pas apporter que des bonnes nouvelles. Dans son dernier rapport, en mars 2011, il se montrait déjà très pessimiste sur l’état de la France et des Français, évoquant un burn-out général et une crise de confiance envers les institutions publiques et l’administration. Devenu président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), il récidive dans un livre à paraître demain : « Reprenons-nous ! » (Ed. Tallandier).
« 12 à 15 millions de Français ont des fins de mois très difficiles »
Dans un entretien accordé au journal le Parisien (édition de ce jour), Jean-Paul Delevoye insiste sur la précarité en progression dans l’Hexagone, et avance que plus d’un Français sur dix bouclerait ses fins de mois à 50 ou 150 euros près, or « l’angoisse des fins de mois est un élément qui nourrit encore un peu plus l’anxiété », déclare-t-il au Parisien.
Aux 7 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, le CESE a ajouté les personnes concernées par le surendettement, les découverts, les retenues sur salaires et les crédits revolving. En cause, l’habitude prise de vivre au-dessus de ses moyens, « on rogne sur les dépenses essentielles pour s’offrir le téléphone mobile dernier cri », mais aussi la fréquence des ruptures de vie : perte d’emploi, divorce, etc.
« Pression » et « mal-vivre ensemble »
Pour alerter les politiques sur le malaise social, Jean-Paul Delevoye souligne les effets de la « pression » et de la fatigue psychique dans les comportements de violence et la défiance vis-à-vis des dirigeants. « Ce mal-être et ce déséquilibre psychique des personnes sont une des fragilités particulières de la France qui n’est pas prise en compte par les politiques », explique-t-il, avant d’asséner que si ceux-ci « ne prennent pas la mesure de la désespérance, le risque est le repli sur soi, la perte des valeurs républicaines et le vote en faveur des extrêmes et en particulier du Front National. »
(Source : Le Parisien)
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