Le laisser « boxer » dans le vide. Tel était le mot d’ordre dans l’équipe de François Hollande ces derniers temps. Ils en étaient tous convaincus : répondre aux attaques et aux assauts répétés de Nicolas Sarkozy serait une erreur stratégique. Il ne faut pas brouiller le message du candidat socialiste disait-on au QG de l’avenue de Ségur. Mais ce qui était vrai hier, ne l’est plus du tout aujourd’hui. Les conseillers de François Hollande ont vite révisé leurs positions. Après le frémissement des sondages en faveur du président-candidat et son début de campagne pied au plancher, le constat est sans appel : l’art de l’esquive a fait son temps dans cette présidentielle. François Hollande ne pourra plus en permanence éviter les uppercuts et autres crochets du droit.
C’est donc une nouvelle séquence qui s’ouvre. Plus brutale, certes, mais aussi moins hypocrite. Les deux favoris, revenus à des niveaux sondagiers plus réalistes, s’affronteront désormais à armes égales. Propositions contre propositions, arguments contre arguments et, comme dans toute campagne, attaques cinglantes contre saillies percutantes. Sur ce dernier point, si Nicolas Sarkozy est bien armé, le candidat socialiste n’est pas en reste. Loin de là. Tout en faisant mine de ne pas y toucher, il distille, lors de ses déplacements, des attaques plus incisives les unes que les autres. Dernièrement, dans une salle d’un quartier populaire de Bonneuil-sur-Marne, en réponse à une question sur le logement, le candidat socialiste n’a pas retenu ses coups : « Plus personne ne dormira dehors disait-il en 2007, on verra où il dormira le 6 mai ! ». La virulence a gagné les deux camps.
A moins de 60 jours du premier tour, les deux candidats ne se toisent plus, ils s’affrontent. Sur fond de petites phrases et de tacles plus ou moins réguliers, tous deux cherchent à affaiblir l’adversaire avant le débat télévisé décisif qui pourrait les opposer à l’entre-deux tours. Car ils savent bien qu’à ce moment là, devant des millions de Français, ils devront surtout confronter leurs idées, leurs propositions et leurs solutions pour sortir de la crise. C’est d’abord cela qui intéresse les citoyens.
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