Comment faire d’un non-événement un événement ? Telle est la question qui doit agiter en ce moment l’entourage présidentiel. Depuis des semaines, dans tous ses déplacements, lors de ses nombreux discours, le président Sarkozy ne cache plus le candidat qu’il est déjà. Ce qui a d’ailleurs donné lieu à un florilège d’expressions : le président presque candidat, le candidat présumé et maintenant, le candidat imminent. Bref, ce n’est plus un secret pour personne : Nicolas Sarkozy est entré dans la bataille mais il doit à présent l’annoncer officiellement. Et tout le challenge est là : comment surprendre quand l’évidence saute aux yeux ? La déclaration doit apparaître comme un moment fort. Pas question de passer à côté comme Edouard Balladur en 1995 qui fît une annonce compassée dans les salons de Matignon ou encore Lionel Jospin qui se contenta en 2002 d’envoyer un fax à l’AFP dans l’indifférence générale.
Nicolas Sarkozy est un politique trop expérimenté pour faire ces erreurs de « débutants ». Aux membres de sa majorité, impatients de le voir se déclarer, le président a lancé il y a peu de temps : « l’attente fait monter le désir ». Par petites touches, il espère ainsi entretenir cette flamme. Il y a eu de nombreuses phrases, toutes plus explicites les unes que les autres, pour montrer sa détermination à se battre jusqu’au bout. Et à présent, un long entretien accordé au Figaro Magazine à travers lequel il réussit à créer la polémique et donc à attirer l’attention sur de nouvelles propositions. Le président-challenger reprend l’initiative et prouve qu’il n’a pas dit son dernier mot, loin de là.
Dans le camp d’en face, François Hollande a compris la manœuvre. Depuis plusieurs semaines, lui et son équipe répètent que Nicolas Sarkozy est déjà candidat. Une manière habile de banaliser l’entrée en campagne du président en lui coupant l’herbe sous le pied.
Les deux hommes sont donc en campagne frontale. L’un veut faire gagner un parti qui n’a pas accédé au pouvoir depuis plus de 15 ans, l’autre doit relever un défi majeur, se faire réélire sur fond de crise et de montée du chômage.
Leur poignée de main très médiatisée et plutôt chaleureuse lors du dîner annuel du Crif ne doit pas masquer la réalité à venir : François Hollande et Nicolas Sarkozy ne se feront aucun cadeau. Leur avenir en dépend.
Crédit photo : AFP
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