Alors que des rumeurs insistantes font état d’une accélération du calendrier du chef de l’Etat, avec en ligne de mire la déclaration imminente de sa candidature à l’élection présidentielle – une annonce qui devrait être faite avant le 25 février, certains parlent même du 16 février – une longue interview de Nicolas Sarkozy est à paraître samedi dans le Figaro Magazine. Il y détaille un panel de propositions qui si elles ne sont pas encore celles d’un candidat, y ressemblent.
Droits des chômeurs et des étrangers
Parmi les propositions du Président, celle d'un référendum sur les obligations des demandeurs d’emploi. Autre mesure évoquée au cours de l’entretien : la réforme du droit des étrangers. « Je dis très clairement que, contrairement à M. Hollande, je ne suis pas favorable à la régularisation des étrangers en situation irrégulière qui créerait immédiatement un appel d'air », explique ainsi le chef de l'Etat. Il réaffirme par ailleurs son opposition au droit de vote des immigrés aux élections locales, jugeant que « le droit de vote doit rester lié à la citoyenneté ». « Si les étrangers extra-européens pouvaient voter en France aujourd'hui, songeons comment risquerait d'évoluer le débat municipal dans telle ou telle commune : faut-il des cantines scolaires hallal ? Des piscines réservées aux femmes ? Est-ce cela que nous voulons ? Ma réponse est non », déclare M. Sarkozy.
Contre une évolution législative sur l’euthanasie
Nicolas Sarkozy se prononce également sur deux grands dossiers sociétaux : l’euthanasie et le mariage homosexuel. Concernant l’euthanasie, il se prononce contre une évolution de la loi Leonetti, régissant la fin de vie et l’euthanasie. « L'euthanasie légalisée risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux et serait contraire à nos conceptions de la dignité de l'être humain », estime ainsi le Président, avant d’ajouter : « la loi Leonetti est parfaitement équilibrée, elle fixe un principe, celui du respect de la vie », en faisant allusion à ce texte contre l’acharnement thérapeutique et qui interdit l’euthanasie.
Quant au mariage gay, le chef de l’Etat prend le contrepied de la position de François Hollande : il se déclare opposé au mariage et à l’adoption homosexuels. « En ces temps troublés où notre société a besoin de repères, je ne crois pas qu'il faille brouiller l'image de cette institution sociale essentielle qu'est le mariage », indique-t-il. Il revient sur sa proposition d’un « contrat d’union civile » émise en 2007, rappelant qu’il ne l’avait pas mise en place « parce que nous nous sommes rendu compte qu'il était inconstitutionnel de réserver ce contrat aux seuls homosexuels ». « Ce contrat d'union civile aurait porté atteinte à l'institution du mariage. Cependant, j'ai veillé à garantir aux homosexuels les mêmes avantages en termes de succession et de fiscalité qu'aux couples mariés, mais dans le cadre du Pacs », souligne Nicolas Sarkozy.
Le FN à la présidentielle
Interrogé sur la présence du Front National à la présidentielle, Nicolas Sarkozy s’y déclare favorable, estimant qu’ « un courant politique qui réunit plusieurs millions de citoyens à chaque élection doit pouvoir être représenté ». Mais sur la question de l’anonymisation des parrainages demandée par Marine Le Pen, il a déclaré que « par principe » il y était « opposé ». Il justifie sa position en expliquant que selon lui la « démocratie, c’est la transparence : un élu doit dire ce qu’il fait à ses concitoyens ». « Cela dit, je ne serais pas opposé à ce qu'il y ait, à l'avenir, une évolution de la législation pour permettre aussi à un certain nombre de citoyens de parrainer le candidat de leur choix. Les problèmes actuels ne se poseraient plus », assure-t-il.
« Le rendez-vous approche »
Autant de mesures qui dessinent ce qui ressemble à un programme de candidat à la présidentielle, alors qu’un sondage OpinionWay-Fiducial pour La Croix, estime que 61% des Français souhaitent que Nicolas Sarkozy déclare sa candidature à l’élection présidentielle « le plus tôt possible ». Quand dans l’entretien qu’il livre au Figaro Magazine cette question est soulevée, le président-candidat a répondu que « le rendez-vous approchait ». « Si la question est de savoir si j’ai réfléchi, sur le fond et sur la forme, ma réponse est oui », confie-t-il.
Crédit photo : AFP
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